Si l'apprentissage organisationnel est un thème central des théories de l'organisation, l'oubli organisationnel a été beaucoup moins étudié. Dans un environnement en mutation, les risques d'obsolescence des savoirs et des capacités retiennent prioritairement l'attention des entreprises et des chercheurs. Cette thèse entend montrer que de nombreuses transformations contemporaines des entreprises (de leur organisation comme de leurs ressources) invitent à reconsidérer les risques associés à la continuité de leurs capacités d'action. Dans le cadre d'une recherche menée en collaboration avec un centre d'ingénierie spécialisé dans la réalisation de grands projets industriels complexes, nous avons montré que des difficultés opérationnelles liées à un contexte de forte croissance de la charge de travail et des effectifs révélaient en fait un problème plus profond. Une longue période d'absence de projets et un profond renouvellement générationnel des équipes d'ingénieurs avaient en effet rendu nécessaire une phase de réapprentissage collectif. Mais les travaux de recherche existants sur l'oubli organisationnel ne permettent que très partiellement de penser et gérer ce type de situation. À travers notre cas d'étude, nous montrons que dans une activité d'ingénierie, le diagnostic de l'oubli organisationnel doit moins reposer sur une analyse de la performance que sur une attention aux signaux envoyés par les ressources humaines ainsi qu'aux temps et aux modes de constitution des capacités d'action. Ce changement de posture nous permet, dans un premier temps de qualifier une situation de « mur d'apprentissage » comme paroxystique des phases de réapprentissage. Nous mettons ensuite en évidence le caractère pluriel et hétérogène des sources de l'oubli organisationnel, qui complique les opérations de diagnostic et d'orientation de l'action. Nous nous efforçons enfin d'appréhender les conditions macro- et micro-organisationnelles qui permettent de franchir ce « mur ». / Although organizational learning is a central topic in organization theory, organizational forgetting has been much less studied. In a changing environment, researchers and practicioners have primarly focused on the risk of knowledge and skills obsolescence. This thesis starts from the idea that the transformations undergone by many companies make it necessary to tackle the risks related to the maintenance of their capabilities. As part of a collaborative research with an engineering department in charge of steering large and complex industrial projects, we have shown that operational difficulties, in a context of rapid growth of workload and staff, revealed a deeper problem. Indeed, a deep generational renewal of teams along with a long period without new projects, generated a need for a collective relearning process. However, existing research on organizational forgetting is silent on how to think and manage this kind of situations. Through our case study, we show that, in engineering environments, diagnosing organizational forgetting requires paying attention to human signals and to capability building processes and length. First, it enables us to describe a situation of "learning wall" as a paroxysmal phase of relearning. We then highlight the plural and heterogeneous sources of organizational forgetting, which complicate diagnosis and action. Finally, we strive to identify the macro- and micro- organizational conditions that bridge this learning wall.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014ENMP0090 |
Date | 30 June 2014 |
Creators | Garcias, Frédéric |
Contributors | Paris, ENMP, Sardas, Jean-Claude |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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