Le présent travail se propose d’écrire l’histoire de l’influence des tragédies grecques en France au XVIe et XVIIe siècles, dans la conviction qu’elle joua un rôle central, par sa présence ou son absence, dans la naissance et le développement de la tragédie française. Le fil rouge qui se dégage de notre travail est de nature religieuse et historique : les auteurs du XVIe et du XVIIe siècle alternent intérêt et désintérêt pour la tragédie grecque en fonction de la période historique et de leurs croyances religieuses, en fonction non pas de préférences littéraires mais à la suite des choix imposés par leur environnement par ce qu’il convient d’appeler la matérialité de l’Histoire : l’accès aux manuscrits, les interdictions du Concile de Trente, la diffusion du grec, etc. À travers l’analyse de plus de quarante pièces, ce fil rouge permet d’expliquer les fluctuations, autrement incompréhensibles, dans la relation à Euripide et Sophocle, le fait que les tragédies grecques monopolisent – par rapport à Sénèque – l’intérêt des traducteurs (tous évangélistes) de la première moitié du XVIe siècle, qu’elles laissent – avec une étonnante rapidité – le champ libre (en apparence du moins) à l’auteur latin pendant plus d’un siècle à partir de 1550, et qu’elles reviennent ensuite au premier plan avec Racine, dont les maîtres jansénistes partagent avec les évangélistes la dangereuse passion pour le grec. Racine se distingue des autres auteurs par sa capacité de retrouver chez Euripide le secret du personnage tragique, fondement d’une révolution dans l’art d’écrire des tragédies, à laquelle il renoncera lui-même à partir d’Andromaque, sous la pression des critiques et du goût du public. / The present work explores the history of the influence of Greek tragedies on France during the XVIth and XVIIth centuries, in order to demonstrate that this influence played a major role in French tragedy’s birth and development. Our work’s guiding thread is religion and history: XVIth- and XVIIth-century playwrights alternated between interest and lack of interest in Greek tragedy depending on the periods in which they lived and their religious beliefs. Their interest or lack thereof stemmed not from their literary preferences but from phenomena imposed on them by their environment, by what we can call the materiality of history: the access to manuscripts, the Council of Trent’s prohibitions, the spread of Greek, etc. Through the analysis of more than forty plays, this guiding thread helps to explain the fluctuations-hardly understandable otherwise-in the relationship with Euripides and Sophocles; the fact that in the first part of XVIth century, Greek tragedies, as compared with Seneca, monopolise the attention of translators (all linked to Evangelism); the fact that after 1550, with astonishing speed, the Latin author takes over (at least at first sight) for more than a century; and the fact that Greek tragedies come back on stage with Racine, whose Jansenist professors shared with Evangelists the dangerous passion for Greek. Racine stands out from the other authors because of his ability to rediscover the tragic hero’s secret, the cornerstone of his revolution in the art of writing tragedies-a revolution he will be forced by critics and audience taste to renounce, after Andromaque.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA040116 |
Date | 17 December 2015 |
Creators | Alonge, Tristan |
Contributors | Paris 4, Forestier, Georges |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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