À l'heure où l'espace est en crise, où sa globalisation et son uniformisation impliquent une production de sens toujours plus individualisée, qui dès lors transforme les repères de l'identité collective, il s'avère particulièrement intéressant d'étudier comment les individus fabriquent de l'espace dans une société à individus mobiles (Stock, 2001). L'hôtel, en tant que locus provisoire, m'intéressera dans le cadre de ce mémoire qui propose d'étudier la possibilité d'être au monde dans un lieu vagabond. En effet, la modification du cadre bâti, de l'espace physique, entraîne une transformation de la conscience de soi et des autres. La chambre d'hôtel, si l'on se réfère aux travaux de Marc Augé (1992), pourrait se définir comme un non-lieu, soit un espace d'anonymat, standardisé et traversé par des individus qui jamais ne s'y fixent. Certes, la chambre, qui n'est pas appelée à être un habitat fixe ou une demeure, de manière générale, est un lieu de passage déterminé par sa fonctionnaIité -l'hébergement hospitalier. Toutefois, en raison de sa fonction transitoire même, la chambre permet à l'individu qui s'y installe quelques nuits de marquer une pause, un temps d'arrêt à l'intérieur de son parcours: elle devient alors un carrefour où convergent différentes représentations de soi et de l'autre. Dans la chambre d'hôtel se reconstruisent, sur des fondements instables, de nouvelles configurations d'une identité portative confrontée à un monde résolument étranger, celui du pays visité pour lequel aucune pratique intériorisée du lieu n'a encore été faite. Ainsi, dans ce travail, le concept de non-lieu dans son application à l'hôtel se devra d'être relativisé afin d'examiner avec justesse l'ensemble des relations qui entrent en jeu dans la pratique de ce lieu somme toute habité. Il s'agira d'analyser de quelle façon se joue la présence dans un lieu qui fuit de partout, et qui fait violence au corps, dans le roman Faire l'amour de Jean-Philippe Toussaint et le film Lost in Translation de Sofia Coppola. J'examinerai comment les personnages apprivoisent le lieu et comment cette «conquête de l'espace» (Perec, 2000) amènera un processus de construction identitaire, par l'entremise duquel il me sera possible de lancer une piste de réponse à la question posée implicitement par le titre de l'oeuvre de Coppola: que se perd-il dans la translation? ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Lieu, Espace, Non-lieu, Habiter, Trace, Présence, Représentation, Sémiotique de l'espace, Philosophie, Jean-Philippe Toussaint, Sofia Coppola.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2888 |
Date | January 2009 |
Creators | Bolduc, Marie-Hélène |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2888/ |
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