Return to search

Liens entre le stress conjugal, la suppression émotionnelle et la prise alimentaire au sein de couples hétérosexuels

Tableau d'honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2016-2017 / L’étude de l’alimentation induite par le stress et les émotions négatives a été largement menée jusqu’à maintenant en vue d’identifier différentes caractéristiques individuelles pouvant être désignées comme facteur de risque à la suralimentation. À cet effet, le fait de souffrir de surpoids ou d’obésité, de même que la présentation d’un profil alimentaire restrictif ont été identifiés. Bien que certaines études se soient intéressées à la variation des types de stress auxquels sont soumis les individus, aucune n’a élargie sa perspective aux relations de couple. Pourtant, les émotions vécues au sein du couple et la régulation qui en est faite peuvent sans contredit contribuer à l’installation et l’exacerbation de comportements alimentaires problématiques pouvant mener à une prise de poids. En ce sens, à l’aide d’une expérimentation en laboratoire impliquant l’induction d’un stress de nature conjugale, la thèse vise à approfondir les connaissances actuelles quant aux liens qui unissent les émotions vécues dans le contexte d’une discussion conjugale stressante et la prise alimentaire qui s’en suit chez des individus en couple hétérosexuel. Pour ce faire, 80 couples ont été recrutés et ont discuté, en laboratoire, d’aspects qu’ils aimeraient voir changer chez l’autre. La quantité de nourriture consommée suite à la discussion a été mesurée, à leur insu, à l’aide d’un test de goût. Les couples ont été invités à évaluer leur humeur ainsi que la suppression émotionnelle qu’ils ont exercée pendant la discussion, de même qu’à remplir des questionnaires auto-rapportés. L’indice de masse corporelle (IMC) des partenaires a été calculé à partir de mesures objectives. Le premier objectif spécifique de la thèse vise plus particulièrement à étudier l’impact d’un changement d’humeur suite à la discussion conjugale stressante sur la prise alimentaire subséquente des hommes et des femmes, et de tester l’effet modérateur de l’IMC et de la restriction alimentaire sur cette relation. Les résultats indiquent d’abord des associations différentes chez les hommes et les femmes en réponse à la situation expérimentale. Chez les hommes, seules les perceptions d’appétit prédisent la prise alimentaire, tandis que chez les femmes, un patron plus complexe se dessine. Un sous-groupe de femmes à risque de se suralimenter en réponse au stress conjugal est identifié, soit les femmes présentant un IMC élevé et un profil alimentaire restrictif. Ces résultats ajoutent à la littérature actuelle en ce sens où l’impact d’un stresseur de nature conjugale sur la prise alimentaire n’avait jamais été testé auparavant. De plus, ils soulignent l’importance de tenir compte en concomitance de l’IMC et de la restriction dans la compréhension du phénomène de l’alimentation induite par le stress chez les femmes. Le deuxième objectif spécifique de la thèse a pour but d’examiner, à l’aide d’un modèle dyadique, l’effet médiateur de la suppression émotionnelle sur le lien entre le changement d’humeur suite à la discussion conjugale stressante et la prise alimentaire subséquente, en fonction de l’IMC des deux membres du couple. Les résultats de cette étude révèlent que la suppression émotionnelle est un médiateur valide de la relation entre le changement d’humeur et la prise alimentaire, et met également en évidence l’effet modérateur de l’IMC sur cette médiation. Plus particulièrement, la dégradation de l’humeur des individus présentant un IMC élevé est associée à une plus grande prise alimentaire via l’adoption de suppression émotionnelle pendant la discussion avec le partenaire, tandis que chez les individus présentant un IMC faible, la dégradation de l’humeur est plutôt associée à une plus faible prise alimentaire via la suppression. D’un point de vue dyadique, la suppression émotionnelle d’un membre du couple agit comme médiateur de la relation entre le changement émotionnel et la prise alimentaire de son partenaire, sans égard à l’IMC des conjoints. En d’autres mots, la dégradation de l’humeur de l’un mène à une plus grande consommation via la suppression émotionnelle de l’autre. Ces résultats font ressortir le rôle clé de la suppression émotionnelle dans l’alimentation induite par le stress conjugal non seulement au plan individuel, mais également au plan dyadique. Ils soulignent la pertinence de s’intéresser aux interrelations entre les membres d’un couple pour prédire leurs comportements alimentaires. Dans leur ensemble, les travaux de la thèse suggèrent que le couple puisse générer du stress et des affects négatifs qui peuvent mener à la suralimentation. Une attention grandissante devrait être portée à ce type de stresseur dans l’avenir, de même qu’à l’étude de la réponse alimentaire d’un sous-groupe de personnes précis face au stress conjugal, soit les femmes qui présentent des difficultés de régulation du poids et de l’alimentation. / Stress-induced eating has been widely studied up until now in order to identify individual characteristics which may be designated as risk factors to overeating. Being overweight or obese, as well as being a restrained eater, have been identified. Although some studies have investigated the impact of different types of stressors on eating, none has broadened its investigation on romantic relationships. However, emotions experienced through couple interactions as well as the way partners deal with (or regulate) those emotions may certainly contribute to the development and exacerbation of problematic eating behaviors that can lead to weight gain. Thus, using a laboratory experiment involving a dyadic stress, the present thesis aims to deepen the current understanding of the relationship between emotions following a stressful couple discussion and food intake among heterosexual couples. Eighty couples were recruited and discussed an aspect that they wanted their partner to change. Food intake was measured following the discussion with a bogus taste test. Both partners assessed their mood state, as well as emotion suppression, and completed self-reported questionnaires. Body mass index (BMI) was calculated with objective measures. The first specific objective of the thesis was to examine the impact of mood change induced by a stressful couple discussion on food intake in both spouses, while simultaneously taking into account the moderating effect of BMI and restraint on this association. First, results showed different responses in men and women following the discussion. Among men, only appetite perceptions significantly predicted food intake, while a more complex pattern emerged among women. A subgroup of women at risk to overeat in response to dyadic stress was identified, those with a high BMI and a restrictive eating profile. These results add to the current literature since the impact of a dyadic stressor on food intake had never been tested before. Moreover, these results highlight the importance of considering the concomitant effect of BMI and restraint in the understanding of stress-induced eating among women. The second specific objective of the thesis was to examine, using dyadic analysis, whether emotion suppression was a valid mediator in the relationship between mood change following a stressful couple discussion and subsequent food intake among couples, while taking into account spouses’ BMI. Results showed that emotion suppression was a valid mediator in the relationship between mood change and food intake, and that BMI significantly moderated this mediation. That is, mood worsening was related to high food intake through emotion suppression among high BMI spouses, while for low BMI spouses, mood worsening rather predicted low food intake through emotion suppression. Dyadic analysis revealed that emotion suppression in one partner acted as a mediator in the association between mood change and food intake in the other partner, regardless of BMI. In other words, mood worsening of one partner led to a greater consumption of food via emotion suppression in the other partner. These results emphasise the key role of emotion suppression in the relationship between mood change and food intake in the context of a stressful couple discussion. They also underscore the relevance to focus on the interrelationships between spouses to predict their eating behaviors. Taken together, the thesis results suggest that romantic relationships can generate stress and negative emotions that can lead to overeating. More attention should be paid to this type of stressor in the future, as well as to the study of the eating response to dyadic stress of a specific subgroup of people, i.e. women presenting eating and weight regulation issues.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/27443
Date24 April 2018
CreatorsCôté, Marilou
ContributorsBégin, Catherine
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xv, 96 pages), application/pdf
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

Page generated in 0.0031 seconds