Le sujet de cette étude repose sur le cas de Lucien Herr en tant qu'intellectuel. Il s'agit d'analyser son parcours afin de démontrer sa théorisation de la « volonté de ne pas parvenir » qui caractérise son engagement. Peu connu, Lucien Herr a pourtant côtoyé les grands réseaux intellectuels de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. S'il publie de nombreux articles touchant un nombre impressionnant de sujets différents, ses écrits philosophiques restent, quant à eux, à l'état de manuscrits. Pourtant, on y retrouve les bases d'une philosophie originale qui accompagne sa réflexion sur le siècle et éclaire son engagement. La pensée de Herr repose d'abord sur une opposition entre l'esprit ancien, dont la légitimité passe par la tradition, et l'esprit nouveau, qui a pour référent l'avenir. Cette vision l'amène à considérer la rupture comme un élément souhaitable pour le progrès de l'humanité. La rupture prend d'abord la forme du déracinement qui doit mener à l'affranchissement du sujet et s'appuie sur la conception que les institutions, telles que l'État, sont produites par l'humanité et sont, par conséquent, modifiables. L'engagement consiste donc à provoquer cette rupture par une réappropriation du politique qui, devant s'effectuer collectivement, suppose un certain effacement des individus. Le résultat devant mener à l'âge collectif. L'engagement de Herr est à cette image: il s'implique de près grâce à son poste de bibliothécaire de l'École normale supérieure qui le met en contact avec les futures générations d'intellectuels.
À ce poste, il participe à éveiller les consciences et aide les élèves et anciens élèves dans leurs travaux et publications en apportant son érudition et ses contacts, le plaçant ainsi au centre d'un large réseau d'universitaires. Son engagement et la philosophie qui l'accompagne prennent aussi forme dans sa participation à l'Affaire Dreyfus. Ils se rencontrent d'abord dans les articles qu'il y écrit, où il réitère les bases de l'esprit nouveau et la nécessité d'une rupture avec la tradition. Dans un second temps, sa participation à la mobilisation des intellectuels, qui se perçoit entre autres dans la pétition intitulée Protestation, démontre sa volonté de participer à l'élaboration de l'intellectuel collectif. L'étude de ses écrits nous permet donc de faire ressortir une philosophie de l'engagement particulière parce qu'elle repose sur l'idée de l'avènement d'un âge collectif et anonyme ce qui, au regard de son engagement réel, dans la vie de la cité, fait ressortir la théorisation de la « volonté de ne pas parvenir » et sa pertinence au moment de son application. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Intellectuels, Engagement, Philosophie, Affaire Dreyfus, Socialisme, XIXe siècle, XXe siècle, École normale supérieure.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2566 |
Date | January 2009 |
Creators | Clos-Sasseville, David |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2566/ |
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