En continuité avec les ouvrages récents (Veyne 1981, MacMullen 1988 et Kelly 2004) qui tentent de relativiser les effets néfastes de la corruption lors du Bas-Empire, ce travail étudie le suffragium, le processus de nomination des fonctionnaires de bureaux, afin d'évaluer comment les acteurs sociaux du IVe siècle considéraient ce phénomène. Ce système, organisé d'une telle façon que les hauts fonctionnaires devaient fournir des lettres de recommandation aux candidats postulant à des postes au sein de la fonction publique, serait devenu complètement corrompu durant le IVe siècle et les lettres de recommandation auraient commencé à être systématiquement vendues. Pourtant, les lois de Constantin, Constance et Julien ne fournissent aucune preuve tangible que le suffragium était dans tous le cas vénal à cette époque. Bien au contraire, les empereurs ajoutaient la plupart de temps des épithètes au terme suffragium pour spécifier qu'il parle du suffragium vénal. Généralement, les empereurs sont présentés comme farouchement opposés au suffragium et à toutes les tractations qui y sont attachées. Loin d'être aussi hostiles envers les « pratiques corrompues », les empereurs de la dynastie constantinienne firent preuve d'un certain pragmatisme en voyant qu'ils ne pouvaient contrôler toutes les nominations de ceux qui voulaient entrer dans la fonction publique et que ce n'était pas nécessairement à leur avantage de le faire. Les empereurs se concentrèrent plutôt sur les restrictions entourant les promotions afin de faire en sorte que les personnes qui avaient de réels pouvoirs soient celles qui avaient démontré leurs qualités tout au long de leurs années de service. Bien qu'ils n'aient pas concrètement légiféré sur les critères d'embauche des candidats, cela ne veut pas dire que n'importe qui pouvait obtenir un poste. À travers l'étude des lettres de Libanios et de Symmaque, ce travail démontre que les hauts fonctionnaires ne fournissaient pas de lettres à quiconque le demandait, puisque leur réputation pouvait être entachée par le fait d'avoir recommandé un mauvais candidat à un de leurs amis. Les hauts fonctionnaires qui recevaient les recommandations pouvaient également soumettre les candidats à des examens afin d'être certains de la qualité de l'individu. Ce système officieux de contrôle des candidats vint pallier, en partie, les déficits de la législation impériale. Conjointement, la loi et les usages permirent à l'administration de fonctionner en lui fournissant des candidats qui répondaient aux critères de l'époque. / In line with recent literature (Veyne 1981, MacMullen 1988 and Kelly 2004) that attempts to relativize the negative effects of corruption during the later Roman Empire, this paper examines suffragium, the process of appointing officials, in order to demonstrate that this phenomenon is not as bad as the historiography of the twentieth century makes it out to be. This system, which was organized in such a way that the high officials had to provide letters of recommendation to candidates to positions in the public service, became completely corrupted during the fourth century and the letters were eventually systematically sold. Yet the law of Constantine, Constantius and Julian provides no tangible evidence that suffragium was bought in all instances during that period. On the contrary, the emperors often added an adjective after the noun suffragium to specify that it was bought. Typically, emperors are portrayed as fiercely opposed to suffragium and all negotiations pertaining thereto. The emperors of the Constantinian dynasty were not nearly as fierce against those "corrupt practices and they even showed some pragmatism, having understood that they could not control all appointments of those who wanted to enter the public service and that it was not necessarily in their best interest. The emperors focused mainly on legislation surrounding promotions to ensure that people who had real power were those who have shown their qualities throughout all their years of service. Although they did not specifically stated the criteria for hiring candidates, it does not mean that anyone could enter. Through the study of Libanios' and Symmachus' letters, this paper demonstrates that high officials did not provide letters to anyone who asked for them, as their reputation might have been tainted by having recommended a poor candidate to their friends. High officials who received the recommendations could also ascribe certain tests to the candidates to be certain of the individual's quality. This informal system of control of the candidates compensated, in part, for the deficits in the imperial legislation. Together, these two systems enabled the administration to function by providing candidates who met the criteria of the time.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/12503 |
Date | 08 1900 |
Creators | Papadimitriou, Mikael |
Contributors | Raschle, Christian |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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