Paul Morand et Louis-Ferdinand Céline sont deux écrivains français du 20e siècle associés à la Collaboration, qui ont, sans doute à dessein, prétendu éviter l'idéologie en art. Dans le premier chapitre de chacune des parties de cette thèse (pour ainis dire symétriques : la première dévolue à l'oeuvre de Morand, la seconde à celle de Céline), un examen des thèmes et des motifs mis de l'avant dans leur oeuvre révélera la prégnance, chez eux, d'une vision de l'histoire et de la société centrée autour de valeurs exclusives comme le mépris des discours et de toute forme d'intellectualisme, la nation ou l'"ordre naturel" vision qui correspond par ailleurs à la nostalgie d'une époque révolue : la première moitié du 17e siècle dans le cas de Morand, le Moyen Âge de Rabelais et de Villon dans celui de Céline. Dans le deuxième chapitre, cette nostalgie pour un idéal passé, où l'homme trouverait"naturellement" à s'inscrire dans son milieu, sera envisagée d'un point de vue générique. Car, si l'idéal que Morand et Céline mettent de l'avant peut être rapproché du monde de l'épopée, la lecture qu'ils font de leur époque s'oppose point par point à ce dernier. Confrontés à cette impossible épopée moderne, ils privilégient, dans leur écriture, une grande hybridité générique, répondant de telle sorte, sur le plan formel, aux bouleversements de fond que connaît le 20e siècle. Enfin, dans le troisième chapitre, il sera question du traitement des énoncés à teneur idéologique, dans leur fiction. Morand appuie sur le caractère construit de la représentation historique, et appelle, dans ses textes de fiction, à une plus grande lucidité de la part du lecteur. Ces procédés ont pour principal effet de faire ressortir la fictivité de ses oeuvres et, par conséquent, de mettre en perspective leur portée idéologique. Céline, lui, mobilise, de manière de plus en plus évidente dans son oeuvre, des postures signalant un ordre naturel donné pour extérieur aux discours et contre-discours traditionnels. En misant de la sorte sur sa réputation personnelle, dans l'espace même de la fiction, le romancier procède à un brouillage énonciatif qui invite à dépasser les a priori idéologiques à partir desquels cette réputation est mise à mal. Ainsi, tant Céline que Morand récupèrent des éléments de discours et les organisent poétiquement en travestissant leur sens usuel, au profit d'une idée affranchie de l'idéologie et pourtant appuyée sur elle : la littérature.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/2811 |
Date | January 2009 |
Creators | Martel, Jean-Philippe |
Contributors | Watteyne, Nathalie |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse |
Rights | © Jean-Philippe Martel |
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