Notre recherche porte sur la population d'origine kurde vivant au Québec et, plus particulièrement, dans la région de Montréal où elle se concentre principalement. Nous visons deux objectifs. Tout d'abord, puisque ce groupe n'a pas beaucoup de visibilité médiatique et que très peu d'informations sont disponibles à son sujet, nous cherchons à faire un portrait de cette population. Ensuite, nous tentons de comprendre quelle place occupe les représentations sociospatiales du Kurdistan, ce pays imaginaire ou imaginé, dans les revendications identitaires des Kurdes vivant dans la région de Montréal et de quel(s) territoire(s) il est question. Puisque le territoire politique du Kurdistan est divisé par les frontières de quatre États-nations (Turquie, Iran, Irak et Syrie), qu'il n'est pas (et n'a jamais été) un État-nation et que le projet politique du Grand Kurdistan réunifié et indépendant s'affaiblit, nous posons l'hypothèse que les territoires du Kurdistan, à l'intérieur des États-nations où vivent les Kurdes au Moyen-Orient, sont plus importants dans les processus de construction identitaire que le territoire du Kurdistan, qui est transnational. Or, puisque le fait de revendiquer une identité kurde fait justement référence au territoire transnational du Kurdistan et parce que l'imaginaire transnational serait plus fort en exil, nous posons aussi l'hypothèse que malgré l'importance des fragmentations, le Kurdistan, ce géosymbole, constitue le ciment de la nation kurde. Les Kurdes habitant au Québec ont vécu une situation semblable dans leur État-nation d'origine au Moyen-Orient. En effet, depuis plusieurs décennies, des gouvernements centralisateurs et jacobins ont mis en place différentes mesures assimilationnistes, parfois négationnistes, visant à dékurdifier le Kurdistan. Une des nombreuses conséquences de cette situation a été l'exil de milliers de Kurdes hors du Kurdistan et du Moyen-Orient. Aujourd'hui, pour de nombreux Kurdes, le Kurdistan est plus que jamais terra incognita. C'est dans ce contexte que nous nous sommes questionné sur les identités sociospatiales de la population d'origine kurde vivant dans la région de Montréal. Nous avons mené une douzaine d'entretiens avec des acteurs kurdes impliqués au sein de leur collectivité. L'analyse de leurs discours nous pousse à conclure que les fragmentations présentes au Moyen-Orient se reproduisent en exil et influencent leurs revendications identitaires. Le territoire transnational du Kurdistan demeure peu présent dans ces revendications, alors qu'il semble d'abord représenter le géosymbole du « malheur kurde », peut-être le réel ciment de la nation kurde.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Kurdes, Kurdistan, identités sociospatiales, représentations sociospatiales, territoire, diaspora, géosymbole, imaginaire géographique, Montréal, Québec.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.3842 |
Date | 03 1900 |
Creators | Tremblay, Guertin |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/3842/ |
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