La Pologne, pendant des décennies pays d’émigration, accueille depuis une dizaine d’années de plus en plus d’immigrants et se transforme en pays d’immigration. D’un côté, elle semble avoir besoin de main d’œuvre, de l’autre elle se refuse d’adopter des politiques migratoires régissant le statut des migrants temporaires et des immigrants permanents. Pourtant, afin de répondre aux défis économiques, sociopolitiques et identitaires posés par des flux migratoires stimulés par la mondialisation, les aspirations économiques et les crises humanitaires, la plupart de ses voisins à l’ouest développent des systèmes migratoires. Nous constatons que malgré l’occurrence de problèmes similaires liés aux migrations en Europe de l’Est, à ce jour seule la République tchèque s’est prévalue d’un système migratoire, y compris d’un programme d’intégration des immigrants permanents. Qu’est-ce qui freine la Pologne de se prévaloir de mécanismes permettant de faire face à l’afflux grandissant des immigrants? Pour comprendre la question nous comparons la Pologne à la République tchèque - deux pays similaires dont le résultat en matière des systèmes migratoires diffère. La littérature met de l’avant trois facteurs explicatifs de l’adoption ou pas des systèmes migratoires par les États: les besoins économiques, sociopolitiques et les questions identitaires. Nous analysons ces trois éléments dans les deux cas choisis et posons comme hypothèse que c’est le facteur de l’identité nationale qui ralenti le développement du système migratoire en Pologne. En effet, notre recherche démontre que les facteurs économiques et sociopolitiques sont similaires en République tchèque et en Pologne, alors que le facteur identitaire marque la différence. Bien que la Pologne soit entrée dans l’UE et que son essor économique progresse depuis les vingt dernières années, il semble que l’identité nationale et le projet politique de préserver un État-nation soient des obstacles au développement d’un système migratoire ouvert à l’accueil des immigrants permanents. L’importance du facteur identitaire pour les politiques migratoires est montrée à travers l’analyse de la littérature, des sondages d’opinion publique et des sténogrammes parlementaires, ainsi que de quatre entrevues semi-structurées que nous avons menées avec des représentants du gouvernement polonais et des organismes non gouvernementaux. / As an emigration country for decades, Poland has been receiving more and more immigrants during the past ten years and is transforming into a country of immigration. On the one hand, it seems that the country needs labour migration; on the other hand it refuses to adopt migration policies regulating the status of temporary migrants and permanent immigrants. However, most of its western neighbours have developed migration systems in order to meet the economic, social, political and identity challenges resulting from globalized migration movements, economic aspirations and humanitarian crises. We note that despite the occurrence of similar problems related to migration in Eastern Europe, so far only the Czech Republic has adopted a genuine migration system, including an integration programme for permanent immigrants. What prevents Poland from adopting formal measures to cope with the growing influx of immigrants? To understand this situation we compare Poland to the Czech Republic - two similar countries with different positions towards migration systems. The academic literature puts forward three factors explaining the adoption (or not) of migration systems by States: economic, socio-political and identity. We analyze these three elements in the two selected cases and hypothesize that it is the factor of national identity which slowed the development of a migration system in Poland. Indeed, our research shows that the economic and socio-political factors are similar in both the Czech Republic and Poland, while the identity factor marks the difference. Although Poland has joined the EU and has enjoyed economic progress over the past twenty years, it seems that national identity and the political project of preserving the nation-state are obstacles to the development of an open migration system focused on the reception of permanent immigrants. The importance of the identity factor for migration policies is shown through analysis of the academic literature, surveys of public opinion and parliamentary transcripts, as well as four semi-structured interviews that we conducted with representatives of the Polish government and non-governmental organizations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/11022 |
Date | 10 1900 |
Creators | Karnaszewska, Katarzyna |
Contributors | Dembinska, Magdalena |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
Page generated in 0.003 seconds