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Construire des gens avec des projets? : contribution à une sociologie politique de l'impérialisme et de l'intervention humanitaire

« Plutôt que de construire un projet avec des gens, on 'construit' des gens avec un projet. » Cette citation du Major Arsenault, responsable d'une organisation militaire de reconstruction en Afghanistan, est éloquente. L'idée structurante de notre thèse est la suivante : alors que l'impérialisme moderne peut être qualifié d'impérialisme du « sujet » (« civilisationnel »), l'impérialisme contemporain peut être qualifié d'impérialisme du « projet » (« systémique »). Notre hypothèse de départ est que dans la perspective d'une transition d'un type d'impérialisme à un autre se produit un « oubli » du sujet de l'intervention, et qui plus est du sujet politique, relégué qu'il est derrière le projet de reconstruction des infrastructures civiles, sociopolitiques, juridiques et économiques. Pour étayer cette idée, nous avons choisi d'analyser une pratique répondant à ces deux critères que sont le sujet et le projet, soit l'intervention humanitaire, dont nous avons réalisé l'historique en partant des « interventions d'humanité » reliées à l'impérialisme moderne jusqu'à notre objet de recherche, l'intervention militaro-humanitaire canadienne en Afghanistan. Afin d'éviter la réduction automatique de cette dernière à une pratique impérialiste, nous avons appréhendé l'intervention comme une médiation structurée et structurante. La positionnant directement au cœur de l'articulation entre sujet de l'intervention et projet de reconstruction, il nous est alors apparu que, paradoxalement, ce qui se trame derrière ce type d'intervention, malgré la volonté affichée de reconnaître l'« autre » tel qu'il est dans ses particularités socioculturelles et historiques, est justement une (re)construction du sujet qui subit l'intervention. Cette « reconstruction du sujet » se réalise : a) en amont par la construction d'une représentation de celui-ci au travers le discours de légitimation de l'intervention (droit, gouvernance, sécurité) ; b) au milieu du processus par la narration même que les différents acteurs (politiques, militaires, humanitaires) se font de leur rôle et de leur intervention; c) en aval par les multiples projets de reconstruction du pays mis en place par les intervenants étrangers (politico-juridiques, économiques, infrastructures civiles). Nous avons alors exposé que si la première forme d'impérialisme fut accompagnée d'une certaine « policité », la seconde forme peut être dite « dépolitisante ». Dans ce contexte, nous avons démontré en quoi l'intervention militaro-humanitaire est au centre d'une double tension constituée et constituante : d'un côté, entre sujet et projet, de l'autre entre des processus discursifs de dépolitisation du sujet et des processus de subjectivation politique qui se manifestent au sein des différents projets de reconstruction. Ultimement, c'est à une discussion sur la nature du politique dans la société contemporaine ainsi qu'à une réflexion sur le principe même d'intervenir à l'étranger que cette thèse nous convie.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Intervention, militaire, humanitaire, impérialisme, politique, sujet projet.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4638
Date03 1900
CreatorsCoutu, Benoît
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse acceptée, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/4638/

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