La coappartenance de l’abstraction et de la liberté constitue le ressort d’un questionnement sur l’être-au-monde à partir du tableau. Tableau ici n’est pas seulement à comprendre dans son acception esthétique, comme œuvre d’art mais comme la monstration, au moyen de la peinture, de la structure qui préside à l’événement de l’être et du monde. Un tableau n’est pas abstrait, souligne le peintre Pierre Dunoyer, mais fondamentalement une abstraction. Un tableau témoigne en effet d’une saisie et d’un dévoilement de ce qui a été oublié et caché. Il atteste de la différence ontologique et plus encore du processus à l’origine de cette scission entre l’être et l’étant. Il montre la liberté se libérant, la puissance de détermination en acte, s’affirmant dans la finitude de l’objet. Face à un tableau, l’être ne se voit pas. Il est convoqué, tenu d’advenir à soit-même comme être s’il veut que le visible lui parvienne. Voir un tableau ne relève donc de la sensation qu’en tant que celui-ci doit être perçu pour que le phénomène ai lieu. Mais il s’agit véritablement de s’éprouver soi-même comme l’« ouvert-ouvrant » qui préside à la phénoménalisation du monde. Le tableau est indissociable de l’avènement de la conscience dans la mesure où c’est par l‘Autre, dans le surgissement de la limite, que la conscience arrive et au rythme du logos qu’elle se déploie. Le tableau est une figure de cette parole ontologique qui nous façonne dans son dire. Cette recherche est le fruit d’un effort pour advenir à soi-même dans la conscience du tableau et renouveler, pour l’ensemble des hommes, la promesse de liberté. / The fact that abstraction and freedom belong to one another eables us to question the “being-at-world” from paintings. Paintings are not to be understood in an aesthetic way, as works of art, but as a structure demonstrating the event : the being and the world together. A painting is not abstract, emphasizes the painter Dunoyer, but fundamentally an abstraction. In effect, a painting unveils what has been forgotten and hidden. It attests to the ontological difference and to the process at the origin of the split between being and beingness. It shows freed, the power of determination in actuality, asserting itself in the finite object. Being cannot actually be seen by looking at a painting. It is summoned, obliged to become itself if it wants to see the world as its own. To see a painting is a matter of sensation only because a painting has to be perceived if the phenomenon is to take place. But it is rather a matter of experiencing oneself as the one who is “opened and opening” and therefore governs the world’s phenomenalization. Paintings cannot be separated from the arrival of consciousness as long as consciousness is first linked to the Other which limits it and secondly, to the logos which rhythms its growth. Painting are figure of the ontological speech that models us while speaking. This research is the result of an effort to become oneself by becoming aware of paintings. It aims at giving us a new insight into freedom’s promise.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2008PA040044 |
Date | 12 February 2008 |
Creators | Villet, Camille Laura |
Contributors | Paris 4, Lichtenstein, Jacqueline |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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