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L’individu exceptionnel dans Les liaisons dangereuses

Nous espérons montrer dans cette thèse que le développement du type de l'individu exceptionnel dans les romans du dix-huitième siècle en France est le résultat des courants philoso-phiques et artistiques de la période. Les Liaisons dangereuses de Laclos reflète mieux que tout autre roman du siècle ces deux influences, mais elles se font aussi sentir dans Manon Lescaut de Prevost, La Vie de Marianne de Marivaux, et Jacques le fataliste de Diderot.
L'introduction démontre que les philosophes du siècle désiraient le bonheur personnel de l'individu, la tolérance et la raison au lieu de l'ascétisme, l'intolérance et la foi aveugle qui dominaient la pensée du dix-septième siècle. Les philosophes voyaient l'aristocratie comme un obstacle à la réalisation d'un meilleur monde car cette classe ne voulait pas un changement de l'ordre établi. Puisque la pensée d'une période influeence souvent l'art, le fait que les romanciers du dix-huitième siècle adoptaient le point de vue des philosophes en critiquant l'aristocratie n'est pas surprenant. L'individu exceptionnel devient par la suite un moyen idéal pour voiler de telles critiques aussi bien que pour satisfaire des instincts créateurs chez les romanciers.
Dans le premier chapitre nous indiquons que Prévost, Marivaux et Diderot critiquaient l'aristocratie à mesure qu'ils analysaient les raisons pour lesquelles les personnages princi-paux de leurs romans étaient exceptionnels. Des influences à l'extérieur du roman comme le conflit philosophique entre la raison et la sensibilité semblent définir à première vue la nature extraordinaire de Des Grieux, Marianne et Mme de la Pommeraye; ces individus veulent nous convaincre qu'ils sont spéciaux à cause de leur sensibilité ou de leur intelligence. Cependant des influences à l'intérieur du roman, comme la forme, nous donnent les vrais clefs du caractère unique de ces personnages. Les protagonistes racontent leur propre histoire au lecteur et leur talent de duper autrui afin de se montrer dans une image flatteuse est ce qui les distingue enfin des autres. Néanmoins, les protagonistes se sentent obligés de se faire valoir car la société leur est presque toujours hostile.
Le deuxième chapitre introduit les protagonistes des Liaisons dangereuses, le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil. Chacun d'eux se croit un libertin sans pareil et dans ce chapitre nous étudions comment ils exploitent leur sagacité pour prouver leur supériorité l'un à l'autre. Nous expliquons la tradition libertine qui est la base de la philosophic personnelle de Valmont et de Merteuil. Le roman est dans la forme épistolaire; les protagonistes échangent des lettres. La forme du roman, une influence à l'intérieur, révèle encore une fois que ce que Valmont et Merteuil croient les rendre exceptionnels est illusoire. C'est de nouveau leur capacité de tromper autrui et eux-mêmes dans leurs lettres sur leur qualité spéciale qui est vraiemnt leur qualité distinctive.
Les lettres soutiennent l'illusion de l'invincibilité de Valmont et Merteuil dans le deuxième chapitre, mais elles les détruisent dans le troisième chapitre en leur révélant toutes leurs faiblesses émotionnelles. La rivalité entre les libertins s'intensifie vers la fin du roman et l'influence de la raison sur leur conduite s'affaiblit. Nous voyons que la façade intellectuelle cède rapidement à la force des émotions violentes, longuement supprimées. La forme épistolaire du livre révèle done que cette oeuvre suit l'exemple des romans précédents du siècle. L'illusion du point de vue du protagoniste et la réalité du point de vue du lecteur existent en meme temps; cette juxtaposition indique une attitude des romanciers envers la société contemporaine.
Dans la conclusion nous montrons que cette attitude est une critique de l'aristocratie qui ne permet pas aux protagonistes
de se réaliser complètement car chaque protagoniste symbolise le bouleversement de l'ordre établi. Des Grieux, Marianne, Mme de la Pommeraye, et surtout Valmont et Merteuil outragent la société en brisant les règles de conduite qu'ils devraient suivre. Qu'ils n'atteignent pas le bonheur personnel malgré leurs efforts reflète le sentiment de frustration que les romanciers veulent partager avec le lecteur. Prévost, Marivaux, Diderot et Laclos créent des romans dans lesquels les influences de la philosophic et de l'art romanesque de l'époque aident ces auteurs à critiquer une société décadente et à créer un personnage unique. Les Liaisons dangereuses est l'exemple le plus brillant des possibilités inhérantes à cette combinaison d'influences. / Arts, Faculty of / French, Hispanic, and Italian Studies, Department of / Graduate

Identiferoai:union.ndltd.org:UBC/oai:circle.library.ubc.ca:2429/25532
Date January 1985
CreatorsWoloshen, Richard Allen
PublisherUniversity of British Columbia
Source SetsUniversity of British Columbia
LanguageEnglish
Detected LanguageFrench
TypeText, Thesis/Dissertation
RightsFor non-commercial purposes only, such as research, private study and education. Additional conditions apply, see Terms of Use https://open.library.ubc.ca/terms_of_use.

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