En Sciences Cognitives, de plus en plus de travaux se sont consacrés à l’étude du fonctionnement cognitif chez les sujets bilingues. Ces études ont notamment montré que ces sujets étaient plus performants sur le plan du fonctionnement exécutif comparés aux monolingues. Cependant, ces travaux sont marqués par une très grande hétérogénéité dans la sélection des sujets ainsi que dans la méthodologie utilisée. La nature des composantes exécutives impliquées, la modalité (verbale vs non-verbale), ainsi que l’effet de l’âge sur cet avantage exécutif restent à préciser.Objectif : Etudier le fonctionnement exécutif et les stratégies cognitives de sujets bilingues français-anglais, dans des tâches exécutives (flexibilité, inhibition et mise à jour) verbales et non-verbales, et dans une épreuve de résolution de problèmes complexes, à divers âges de la vie. Matériel et Méthode : 85 sujets bilingues (17 préadolescents (13-15 ans), 20 adolescents (16-18 ans), 19 adultes (18-60 ans), 19 adultes (18 à 40 ans) et 10 adultes (41-65 ans)) et 85 sujets monolingues français appariés en âge et en quotient intellectuel ont été inclus et ont été évalués sur les des tests verbaux et non-verbaux explorant les trois composantes exécutives du modèle de Miyake, Friedman & al. (2000). Résultats : Chez les préadolescents, aucun avantage n’est retrouvé en faveur des bilingues quelles que soient la composante ou la modalité. Concernant les adolescents, les bilingues ont un avantage principalement en flexibilité en non-verbal, et à l’inverse, les monolingues ont un avantage en verbal pour cette même composante. Pour l’ensemble de ces adolescents, concernant la résolution d’un problème complexe, les monolingues mettent principalement en jeu des capacités inhibitoires et des capacités de mise à jour (verbal), alors qu’aucune stratégie préférentielle n’est retrouvée chez les bilingues. Chez les adultes de 18-60 ans, des performances plus élevées pour les capacités d’inhibition et en mise à jour sont retrouvées chez les bilingues, particulièrement en modalité verbale. Concernant la résolution d’un problème complexe, les monolingues mettent en jeu des capacités d’inhibition et de flexibilité, alors qu’aucune stratégie préférentielle n’est retrouvée chez les bilingues, à l’image de ce qui est observé chez les adolescents. Comparativement aux adultes plus jeunes ainsi qu’à des monolingues âgés, les bilingues âgés présentent des performances plus élevées pour les capacités de flexibilité, de mise à jour (verbal et non-verbal) et d’inhibition (verbal). L’inhibition est également moins ralentie dans les deux modalités comparativement aux sujets âgés monolingues. Globalement, les sujets âgés bilingues semblent moins affectés par le déclin cognitif lié au vieillissement.Conclusion : Par une méthodologie rigoureuse et homogène ainsi que par des analyses de comparaisons par classes d’âge et du niveau de langue, l’étude de l’effet du bilinguisme sur le fonctionnement cognitif confirme un avantage exécutif significatif chez les bilingues, dont les modalités dépendent néanmoins en grande partie de l’âge des sujets. / In Cognitive Sciences, more attention has been devoted to the study of cognitive functioning in bilingual subjects. These studies have shown that they were more efficient in terms of executive functioning compared to monolinguals. However, these studies are marked by a great heterogeneity in the selection of the bilingual subjects and the methodology used. The nature of executive components involved, the modality (verbal vs. non-verbal), and the effect of age on this executive benefit remains unclear. Aims : Studying executive functioning and cognitive strategies of French-English bilingual subjects on verbal and non-verbal executive tasks (flexibility, inhibition and updating) and on a complex solving task, at various stages of life. Materials and Methods : 85 bilingual subjects (17 preadolescents (13-15 years), 20 teenagers (16-18 years), 19 adults (18-60 years), 19 adults (18-40 years) and 10 adults (41-65 years)) and 85 French monolingual subjects matched on age and Intellectual Quotient were included and assessed on verbal and nonverbal executive tests exploring the three components of Miyake, Friedman & al.’s (2000 ) model. Results : For preadolescents, no benefit was found for bilingual subjects, irrespective of the component or modality. For adolescents, bilingual subjects have an advantage on non-verbal material, in flexibility mainly, while monolinguals have an advantage on verbal material for the same component. As far as solving a complex problem is concerned, all the monolingual subjects seem to put into play inhibitory and updating abilities (verbal), while no specific strategy is found in bilinguals. For the adults (18-60 years old), higher performances for inhibition and updating are found in bilinguals, particularly in the verbal modality. As for solving a complex problem, monolinguals call for inhibition and flexibility abilities, while, again no specific strategy is found in bilinguals. Compared to younger adults, as well as older monolingual subjects, older bilinguals have higher performances on flexibility, updating (verbal and nonverbal) and eventually inhibition which is less slowed down in both modalities compared to elderly monolinguals. Overall, elderly bilinguals seem less affected by cognitive decline associated with aging.Conclusion : Following a rigorous and consistent methodology and analysis by comparison of age groups and level of language, the study of the effect of bilingualism on cognitive functioning confirms a significant executive advantage in bilinguals, but the modalities largely depend on the subjects’ age.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013BOR22079 |
Date | 13 December 2013 |
Creators | Dana-Gordon, Clémence |
Contributors | Bordeaux 2, Mazaux, Jean-Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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