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Quand les étudiants universitaires communiquent à propos de la routine : entre milieu d'origine et nouvelles cohabitations

Lorsqu'on évoque la routine, ce qui nous vient d'emblée à l'esprit, ce sont les notions de paralysie, d'opposition au progrès ou au perfectionnement. Celles-ci s'inscrivent sans doute dans la situation socio-économique des sociétés occidentales d'aujourd'hui, qualifiées par certains auteurs (le premier étant Balandier) de surmodernes, qui voient le rapport au temps et à l'espace des individus, fondements des rapports sociaux et au monde, profondément modifiés : ils sont de plus en plus caractérisés par l'instantanéité, la mobilité, la vitesse, et le changement. Ainsi, s'éloignent les perceptions cycliques d'autrefois, reliées à la lenteur, à l'enracinement, à la durée et à la routine. Dans la littérature, le concept de routine n'a pourtant pas si mauvaise presse : les auteurs lui reconnaissent certes un sens péjoratif, hérité des principes de division du travail des époques smithienne puis fordienne, mais en décèlent tout autant les bienfaits. Ainsi, malgré que la routine puisse, dans certains cas, entraîner engourdissement ou torpeur, elle procure, grâce à la répétition du rythme des pratiques, structure, sécurité et ainsi stabilité et prévisibilité. Prenant assise sur ces considérations, la recherche a pour but d'explorer la place de la routine et les représentations dont elle fait l'objet dans un processus de (re)construction identitaire, ces représentations participant à la nature des interactions entre les individus. Plus précisément, les expériences de quatre jeunes adultes québécois de la génération « Y » ayant quitté le domicile parental, vivant en colocation et poursuivant leurs études, sont recueillies, grâce à une démarche qualitative et des entretiens semi-dirigés, sous forme de récits de vie thématiques. En effet, le processus de (re)construction identitaire entraîné par l'installation dans un nouvel environnement s'avère un terrain fertile pour la mise en place de routines, d'où sa pertinence d'étude. Pour ce qui est de la dimension générationnelle, elle nous permet de relier ces représentations de la routine à la situation socio-économique abordée plus tôt, puisque les jeunes adultes de la génération « Y » sont les premiers à avoir vécu quasi totalement dans le contexte de modification des rapports au temps et à l'espace évoqués précédemment. À partir du croisement des récits des quatre collaborateurs et des concepts retenus lors de la démarche théorique, plusieurs constats se dégagent, en ce qui concerne les jeunes adultes : 1) leur rapport à la routine est ambivalent : bien qu'existante, elle est inavouée ou contestée; 2) la routine, suivie tel un parcours, mène aux activités essentielles de l'existence; 3) la routine permet la ventilation mentale et la résistance au chaos; 4) la routine permet l'hygiène mentale, voire une certaine harmonisation des composantes de l'identité. Enfin, le repérage de ces constats nous a permis de comprendre que le contexte socio-économique ne pèse pas aussi lourd que nous l'aurions pensé dans le passage à l'action de routine des jeunes adultes; celui-ci est davantage en lien avec l'étape de vie qu'ils sont en train de traverser, entre-deux séparant l'adolescence de l'âge adulte, axée sur l'exploration. L'appropriation de l'univers quotidien est alors priorisée afin de « tâter » le maximum de possibilités avant la prochaine étape, la véritable entrée dans la vie adulte.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Routine, temps, espace, génération « Y », identité, théorisation ancrée

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.5531
Date07 1900
CreatorsTomulescu, Raluca Ioana
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/5531/

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