Après avoir créé La Cantatrice chauve en 1949, Ionesco n’a pas tardé à apparaître comme une force de renouvellement du théâtre français. S’il se détache progressivement de sa posture agressivement avant-gardiste, il ne renonce pas à faire de sa dramaturgie un objet d’exploration : de l’introduction du rêve sur la scène, à la tentation de l’autobiographie dramatique. Le mouvement de la quête artistique a cependant cohabité avec une immuabilité ontologique, souvent revendiquée par l’auteur lui-même. Les pièces portent les empreintes d’un ressassement qui, dans l’ombre, travaille l’homme. Il se nourrit d’obsessions telles que l’angoisse de la mort, l’effarement devant la violence de ses semblables, la douleur de l’impuissance à ressusciter la lumière de l’enfance. Ionesco a trouvé dans la réécriture un processus créateur susceptible d’embrasser et de dépasser ses contradictions. Depuis La Cantatrice chauve – autoadaptation d’une première version roumaine– jusqu’à son dernier théâtre – conçu à partir d’un récit autofictionnel et de récits de rêve, en passant par la transmodalisation de nouvelles et la reprise de deux chefs-d’œuvre allogènes, Journal de l’Année de la Peste de Daniel Defoe et Macbeth de Shakespeare, Ionesco réécrit, les autres comme lui-même. La reprise textuelle, en ce qu’elle épouse le double mouvement de la pause réflexive et de l’impulsion conquérante, lui a ainsi fourni un précieux outil pour penser et repenser sa dramaturgie. Notre travail s’attache à étudier en diachonie les paradoxes et les prouesses de l’œuvre littéraire à la lumière de cette pratique scripturale. Nous avons cherché à montrer l’influence décisive qu’a eue la réécriture sur l’évolution de la dramaturgie ionescienne. La consultation de ses manuscrits a constitué un outil majeur pour appréhender le travail de répétition de ses réécritures. / After having created The Bald Soprano in 1949, Ionesco soon appears as a force of renewal in French theater. While he progressively moved away from his aggressively avant-gardist stance, he never stopped to use his dramaturgy as an object of exploration, from the introduction of dreams on the stage to the temptation of dramatic autobiography. This dynamics of artistic quest has always been coexistent with an ontological immutability often reasserted by the author himself. His plays bear the imprints of a resifting that constantly if implicitly shapes him, and which feeds on obsessions such as anxiety about death, consternation at human violence, the pain provoked by his inability to resuscitate the light of childhood. Ionesco found in the process of rewriting a creative way to embrace and go beyond his contradictions. From The Bald Soprano – a self-adaptation of a first Romanian version – to his last plays – based on an autofictional story and dream narratives, and including the transmodalisation of short stories and the adaptation of two foreign masterpieces, Journal of a Plague Year by Daniel Defoe and Macbeth by Shakespeare, Ionesco rewrites others and himself. Thus textual repetition, which embraces the double motion of reflexive pause and of conquering impulsion, gave him a precious tool to think and rethink his dramaturgy. Our work diachronically studies the paradoxes and prowesses of his literary work in light of this writing practice. We sought to demonstrate the decisive influence that the process of rewriting had on the evolution of Ionesco’s dramaturgy. The study of his manuscripts has been a major tool for understanding the repetition at work in his rewriting.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016USPCA064 |
Date | 10 June 2016 |
Creators | Lemesle, Audrey |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Guérin, Jeanyves |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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