Introduction : Le diagnostic de cancer du sein, les symptômes et les effets secondaires des traitements, entraînent de multiples déficits physiques et psychologiques qui peuvent avoir des effets sur la vie professionnelle. En effet, avec un âge médian de 63 ans au moment du diagnostic de cancer du sein, la moitié des femmes sont encore en âge de travailler. Pourtant, après le diagnostic, toutes les femmes ne retournent pas au travail. Afin d’expliquer ce phénomène, de nombreuses études se sont intéressées aux déterminants sociodémographiques, professionnels et médicaux impactant le retour à l’emploi des patientes ; or ces seuls facteurs ne suffisent pas à expliquer le non-retour à l’emploi des femmes. Il semble qu’un certain nombre de facteurs psychosociaux puissent également rendre compte du retour à l’emploi.Objectifs : L’objectif principal de cette étude est d’identifier les principaux déterminants psychosociaux du retour à l’emploi des femmes ayant un cancer du sein durant l’année suivant le début de leurs traitements adjuvants. Un objectif secondaire consiste à appréhender l’impact des variations de ces déterminants psychosociaux sur le retour à l’emploi des patientes.Méthode : Nous avons réalisé une étude longitudinale et prospective auprès de 68 patientes d’âge moyen 46,97 (ET = 6,92), en emploi au moment du diagnostic de cancer du sein, recrutées au Montpellier Institut du Sein (MIS). Les femmes ont été rencontrées lors d’un premier temps de mesure, par entretien interindividuel, en début de traitements adjuvants (T0). Par la suite, elles ont été suivies par voie téléphonique à 3, 6 et 12 mois après T0 (T1, T2 et T3, respectivement). Les données sociodémographiques, professionnelles, médicales, la précarité (score EPICES), le névrosisme (Néo-PI r), la qualité de vie (QLQ-C30), la fatigue (MFI 20), le développement post traumatique (PTGI), la détresse sociale (SDI) et le soutien social perçu (QSSSC) ont été évalués à T0. À T1, T2 et T3 nous avons relevé : le fait d’être en couple, de subvenir ou non aux études des enfants, le recueil de toxicités liées au traitement médical et le retour à l’emploi. À T2 et T3 nous avons également évalué : la qualité de vie, le développement post-traumatique, la fatigue, la détresse sociale et le soutien social perçu.Résultats : À T1, 50,0% des patientes sont de retour à l’emploi ; à T2, 60,7% sont de retour à l’emploi ; à T3, 74,5% d’entre elles sont de retour à l’emploi. Les résultats des analyses de régression logistique indiquent qu’une forte perception de soutien négatif à T0, OR = 0,74 [0,56 – 0,97] et à T3, OR = 0,59 [0,39 – 0,90], une forte sensation de fatigue physique à T3, OR = 0,55 [0,36 – 0,80] et une précarité élevée, OR = 0,94 [0,89 – 0,99], sont des freins au retour à l’emploi à T3. En revanche, un bon état physique à T0, OR = 1,17 [1,02 – 1,33] et un bon état cognitif à T2, OR = 1,06 [1,01 – 1,11] sont des leviers du retour à l’emploi à T3. Par ailleurs, nous observons qu’une bonne santé globale, OR = 1,10 [1,001 – 1,20] ainsi qu’un bon état cognitif, OR = 1,08 [1,02 – 1,15], à T2, sont des leviers du retour à l’emploi à ce même moment, alors qu’une augmentation de la fatigue mentale, entre T0 et T2, diminue les chances de retour à l’emploi à T2, OR = 0,13 [0,02 – 0,80]. Enfin, les résultats de notre étude montrent qu’une bonne santé globale à T0 est un levier du retour à l’emploi à T1, OR = 1,05 [1,01 – 1,10].Conclusion : Les déterminants psychosociaux, notamment le soutien social, la précarité, la qualité de vie et la fatigue, peuvent jouer un rôle important pour prédire le retour à l’emploi des femmes ayant un cancer du sein. Cela justifie l’intérêt d’une prise en charge pluridisciplinaire du cancer et encourage l’émergence d’un modèle théorique du maintien en emploi, tenant compte à la fois des caractéristiques sociodémographiques, professionnelles, médicales, sociales, physiques et psychologiques des patientes. / Introduction : The breast cancer diagnosis, the symptoms and the side effects of the treatments, lead to multiple physical and psychological deficits that can have effects on the professional life. Indeed, with a median age of 63 years at the time of diagnosis, half of the women are still of working age. However, after the diagnosis, all women do not return to work. In order to explain this phenomenon, numerous studies have addressed the sociodemographic, occupational and medical determinants that impact the patients’ return to work ; but these factors alone are not sufficient to explain women's non-return to work. It appears that a number of psychosocial factors may also account for the return to work.Aims : The main objective of this study is to identify the main psychosocial determinants of the return to work of women with breast cancer during the year following the start of their adjuvant treatments. A secondary objective is to understand the impact of changes in these psychosocial determinants on the return to work.Method : We performed a longitudinal and prospective study of 68 patients with a mean age of 46.97 (SD = 6.92), employed at the time of diagnosis of breast cancer, recruited at the Montpellier Institut du Sein (MIS). The women were encountered during an initial measurement, by interindividual maintenance, at the beginning of adjuvant treatments (T0). Subsequently, they were followed by telephone at 3, 6 and 12 months after T0 (T1, T2 and T3, respectively). Socio-demographic, occupational and medical data, precariousness (EPICES score), neuroticism (Neo-PI r), quality of life (QLQ-C30), fatigue (MFI 20), post traumatic development social distress (SDI) and perceived social support (SSHSC) were assessed at T0. At T1, T2 and T3 we observed : being in a couple, providing or not supporting children's studies, collecting toxicities related to medical treatment and returning to work. At T2 and T3 we also assessed : quality of life, post-traumatic development, fatigue, social distress and perceived social support.Results : At T1, 50.0% of patients returned to work ; at T2, 60.7% were back to work ; at T3, 74.5% of them were back to work. Results of logistic regression analyzes indicate that a strong perception of negative support at T0, OR = 0.74 [0.56 - 0.97] and at T3, OR = 0.59 [0.39-0.90], a high sensation of physical fatigue at T3, OR = 0.55 [0.36 - 0.80] and high precariousness, OR = 0.94 [0.89 - 0.99] brake the return to work at T3. On the other hand, a good physical state at T0, OR = 1.17 [1.02 - 1.33] and a good cognitive state at T2, OR = 1.06 [1.01 - 1.11] are levers for returning to work at T3. Otherwise, we observed that overall good health, OR = 1.10 [1.001 - 1.20] and good cognitive status, OR = 1.08 [1.02 - 1.15] at T2, are levers for returning to work at the same time, while an increase in mental fatigue between T0 and T2 decreases the chances of returning to work at T2, OR = 0.13 [0.02 - 0.80]. Finally, the results of our study show that good overall health at T0 is a return to employment lever at T1, OR = 1.05 [1.01 - 1.10].Conclusion : Psychosocial determinants, including social support, precariousness, quality of life and fatigue, can play an important role in predicting the return to work of women with breast cancer. This confirms the interest of a multidisciplinary care of cancer and encourages the emergence of a theoretical model of the job retention, taking into account the socio-demographic, professional, medical, social, physical and psychological characteristics of the patients.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017MON30023 |
Date | 01 December 2017 |
Creators | Porro, Bertrand |
Contributors | Montpellier 3, Cousson-Gelie, Florence |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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