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L'expédition de la France au Liban sous Napoléon III (1860-1861)

L’Empire ottoman, au XIXe siècle, s’affaiblit sans cesse et paraît destiné à s'effondrer. Il est l’objet de convoitises et de rivalités entre les puissances européennes. Sous sa suzeraineté, la Syrie et, avec elle, la région du Mont-Liban, est une zone clé sur le plan stratégique puisqu'elle domine l’accès aux voies menant à l’Inde et à l’Asie méridionale et orientale. La France et l'Angleterre tentent toutes deux de s'y imposer par communautés locales interposées : la première à travers les Maronites, la seconde à l'aide des Druzes. Au printemps 1860, des troubles éclatent entre les deux communautés, entraînant le massacre de milliers de chrétiens. Les puissances européennes, poussées par le gouvernement de Napoléon III, s'entendent pour intervenir au moyen d'une commission d'enquête et l'envoi de troupes. Cette expédition a pour mission officielle d’aider l’Empire ottoman à rétablir l’ordre et à protéger les chrétiens.

Le présent mémoire démontre que la France impériale entretenait des visées politiques et économiques à l'égard de la Syrie et du Liban. L'historiographie n'avait jusqu'à présent pas analysé en profondeur les véritables mobiles français dans cette expédition. Les ambitions politiques et économiques ont été beaucoup plus déterminantes dans la décision française de mettre en branle l'expédition que le devoir « humanitaire » de protection des chrétiens ou la satisfaction de son opinion publique. Loin de se laisser abattre par la catastrophe que représentent les massacres qui menace la survie de sa clientèle et donc de son influence en Syrie, Paris, et particulièrement son ministre des Affaires étrangères E. Thouvenel, a réussi à tourner la situation à son avantage. Se servant habilement du désir d'ingérence des autres puissances et de son rôle de protectrice des chrétiens, la France est parvenue à acculer au pied du mur l'Angleterre, qui s'opposait à l'intervention, et à justifier celle-ci sur des principes éloignés de ses objectifs réels. Les troubles ont finalement constitué pour elle une occasion d'augmenter l'autonomie de la Montagne par rapport au pouvoir central et la puissance économique et politique de sa clientèle à travers la révision du statut administratif de la région. Ce faisant, elle a renforcé son influence dans l'Est méditerranéen et fait un pas de plus vers une domination française en Syrie. / Throughout the nineteenth century, the Ottoman Empire grew weaker and seemed headed for collapse. It became the object of the ambitions and rivalries of the European powers. Under its suzerainty, Syria, including the Mount Lebanon region, was a key area strategically since it dominated the access routes to India and southern and eastern Asia. France and England both tried to impose their influence by way of local communities. France acted through the Christian Maronites, while Britain used the Druzes. In the spring of 1860, trouble broke out between the two communities, resulting in the massacre of thousands of Christians. The European powers, at the behest of the government of Napoleon III, agreed to intervene by sending a commission of inquiry and troops. The expedition’s official mission was to help the Ottoman Empire to restore order and to protect Christians.

This thesis shows that imperial France pursued political and economic goals with regard to Syria and Lebanon. The historiography had not previously analyzed in depth the real French mobile in this expedition. The political and economic ambitions were far more important in its decision to set in motion an expedition than the "humanitarian" Christian duty of providing protection or the satisfaction of the public opinion. Far from being deterred by the catastrophe of the massacre that threatened the survival of its protégés and therefore its influence in Syria, Paris, and especially its foreign minister E. Thouvenel, managed to turn the situation to his advantage. Skilfully using the desire of interference of other powers and its role as protector of Christians, France managed to corner England, which opposed the intervention, and justify it on principles far removed from its real objectives. The troubles finally represented for her an opportunity to widen the autonomy of the Mountain vis-à-vis the central authority of the Ottoman Empire and to increase the economic and political power of its clients through the revision of the administrative status of the region. In so doing, it has strengthened its influence in the eastern Mediterranean and moved a step closer to dominating Syria.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/13454
Date05 1900
CreatorsFortin-Gagné, Valérie
ContributorsSaul, Samir
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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