Face aux bouleversements économiques et sociaux qui ont affecté la société française depuis les années 70, le décrochage scolaire, c’est-à-dire la sortie du système de formation initiale sans avoir obtenu un diplôme de niveau V (BEP ou CAP) ou de niveau supérieur(baccalauréat), est appréhendé aujourd’hui comme un risque pour le bien-être individuel et collectif. Un large éventail de mesures a donc été déployé pour lutter contre le décrochage scolaire : des mesures préventives qui visent à prévenir les arrêts scolaires prématurés, et des mesures réparatrices dont l’objectif est de favoriser le « raccrochage », c'est-à-dire le retour des jeunes décrocheurs dans un parcours de formation.Sur un plan scientifique, les processus menant au décrochage scolaire sont désormais connus.En revanche, peu d’informations existent sur les processus de raccrochage. Prenant acte de cette lacune, cette thèse propose de tourner le regard vers ce qu’il se passe en aval du décrochage scolaire, en retraçant le parcours des « décrocheurs » qui « raccrochent », en observant le fonctionnement des dispositifs dits de « seconde chance » et en en questionnant les effets. Pour ce faire, on privilégie une approche séquentielle des trajectoires, en identifiant trois séquences clés du processus : la séquence de décrochage, la séquence de raccrochage et la séquence d’accrochage au dispositif. L’enjeu est d’éclairer les ingrédients qui provoquent le basculement d’une séquence à l’autre. On s’appuie pour cela sur 120 entretiens semidirectifs menés auprès de jeunes « décrocheurs » inscrits ou ayant été inscrits au sein de trois types de dispositifs de « remédiation » au décrochage : les Écoles de la deuxième chance qui visent le retour en formation ou l’entrée en emploi par des mises en stage fréquentes et une remise à niveau scolaire, les Établissement Publics d’Insertion à la Défense qui s’appuient sur un encadrement et des règles d’inspiration militaire pour favoriser l’obtention d’un emploi, et les microlycées ou structures innovantes de l’Éducation nationale qui préparent au baccalauréat.On observe d’une part que le temps est un ingrédient majeur du raccrochage, difficilement pris en compte par les dispositifs chargés de l’accompagnement des décrocheurs, et d’autre part que l’accrochage au dispositif de « remédiation » est indexé aux lectures que les jeunes font de leur situation présente, et qui engagent leur expérience scolaire passée, les contraintes de la formation et ses apports quotidiens ou supposés. On montre aussi que le raccrochage n’est pas le pendant événementiel du décrochage. L’action des dispositifs de remédiation est en effet contrainte par leurs environnements social et économique, de sorte qu’ils ne peuvent garantir à tous les jeunes qu’ils accueillent, une stabilisation de leurs situations sociale et personnelle. / Dropping out of school has been seen as a risk rather than for individual than for collective well-being given the economic and social up heavals of the French society since the 70’s. A lot of measures have been implemented to tackle the phenomenon whether preventive or repairing. The first ones aim to prevent the dropout and the others are meant to promote the « school reconnection », or in other words to encourage the dropouts to return to school. Processes leading to dropout are now well-known from a scientific perspective. By contrast, there is only limited information on processes leading to reconnect with education. With the objective to fill this gap, this PhD provides a focus on what happens for the dropouts after they leave school, redrawing their path to « school reconnection ». This study includes an observation of the functioning of the so-called « seconde chance » establishments and an analysis of their effects on their pupils. Through a sequential approach of those paths, we identified three key sequences: the dropout, the reconnection and the remaining sequence in which young people invest their reconnection training. I wanted to highlight the ingredients leading to a sequence to another. To do so, I lead 120 semi-structured interviews with young people who dropped out and are now or have been registered within 3 types of French remediation establishments : the « Écoles de la Deuxième chance », the « EPIDe»(Établissement Publics d’Insertion à la Défense), and the « SRE » (Structures de retour à l’école).To begin with, I noted that time is a key ingredient for school reconnection. Furthermore I noticed that the remaining sequence depends on how young people read their situation combining their past scholar experience, the reconnection program constraints and its contributions, effective or expected. Finally, I observed that remediation establishments rely on their social and economic environment, meaning that the « reconnection » can not be viewed as a counterpart of dropout.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016BORD0193 |
Date | 28 October 2016 |
Creators | Vollet, Juliette |
Contributors | Bordeaux, Zaffran, Joël |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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