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La traduction du droit dans la procédure judiciaire : contribution à l'étude de la linguistique juridique / Law translation in legal proceedings : a contribution to the study of legal linguistics

La place de la traduction dans la procédure judiciaire va croissant dans les procédures des États où les litiges transfrontaliers se multiplient. La traduction remplit deux fonctions principales dans la procédure judiciaire, selon qu’elle est destinée à une autorité judiciaire ou à un justiciable ne comprenant pas la langue de la procédure. D’une part, lorsque le destinataire de la traduction est une autorité judiciaire elle sert soit d’instrument à la coopération judiciaire, soit d’outil d’information pour le juge. D’autre part, lorsqu’elle est destinée au justiciable qui ne comprend pas la langue de la procédure, la traduction intervient comme garantie procédurale. Les enjeux qu’elle revêt tant pour l’administration de justice que pour le justiciable doivent être soulignés. La Cour de cassation, par trois arrêts principaux, considère que la traduction ordonnée par ordonnance d’expertise du juge peut s’écarter de la littéralité. A contrario, lorsque la traduction est ordonnée par réquisition, elle doit être littérale. Dans ce cas, il s’agit d’une « simple traduction ».La Haute cour ne donne aucune définition de la littéralité. Toutefois, l’ensemble de la jurisprudence considère qu’une traduction littérale constitue un gage de fidélité. Ceci pose un certain nombre de questions. Les plaideurs ne sont-ils pas en droit d’attendre qu’une traduction garantisse la sécurité juridique nécessaire au droit à un procès équitable ? La littéralité imposée assure-t-elle cette sécurité juridique ? Que doit faire le traducteur désigné par réquisition dès lors qu’il ne peut pas se tenir à une traduction littérale ? À notre sens, le traducteur, auxiliaire de justice, se trouve face à un dilemme. S’il doit se conformer aux exigences judiciaires, il ne peut toutefois faire fi des méthodes traductologiques, mais également de l’éthique de la traduction. Lorsque les concepts de droit ne se correspondent pas d’une langue et d’un système de droit à l’autre, la littéralité considérée par les juges comme un gage de fidélité, ne s’avèrerait-elle pas être une gageure pour la fidélité ? L’analyse de la théorie de la traduction démontre que le débat sur la littéralité date de l’Antiquité, s’il est ancien il est également récurrent. Cependant, d’autres paramètres que la littéralité et la fidélité sont pris en compte en traductologie pour assurer une traduction de qualité. La prise en compte des textes et des discours plus que des langues et de leur structure, amène à la recherche de l’équivalence traductionnelle. Cette approche est particulièrement pertinente pour la traduction du droit. Le droit comparé est, en ce sens, utile à la traduction du droit, il permet de rechercher l’équivalence terminologique de concepts difficilement traduisibles entre deux systèmes de droit. Cela sera démontré en procédant à la comparaison et à la traduction des « recurso de reforma » et « recurso de reposición » espagnols. Mais le rôle du droit comparé va au-delà d’une utilité pratique. Le développement d’une juritraductologie associant juristes et traductologues est souhaitable afin d’apporter une meilleure sécurité juridique de la traduction du droit, en général, et dans la procédure judiciaire, en particulier. / In States where cross-border litigation is increasing, translation is acquiring a major role in legal proceedings. Translation fulfils two main functions depending on whether it is aimed at the judicial authority or at a litigant who does not understand the language of the proceedings. When the target of the translation is a judicial authority, translation becomes an instrument for legal cooperation or an informational tool for the judge. When the translation is targeted to the litigant, it becomes a procedural safeguard. The issues raised by translation for both legal administrations and litigants merit greater consideration.Typically, court-appointed translators are expected to translate literally, since French jurisprudence considers literal translation a guarantee of accuracy. This raises several questions. Shouldn’t litigants have the right to a translation that guarantees legal certainty, which is necessary for a fair trial? Does literal translation guarantee this legal certainty? What should translators do when it is impossible to give a literal translation?As an auxiliary of justice, the translator is faced with a dilemma. If judicial requirements are to be respected, then neither translation methods, nor translation ethics can be neglected. When legal concepts do not match between two languages or two legal systems, does literal translation guarantee accuracy, as traditionally considered by judges, or does it compromise accuracy? The study of translation theory shows that the debate on literality is both recurrent, and as old as Antiquity. But translation takes factors other than literality and accuracy into account when assessing the quality of a translation. Rather than merely examining syntactical and linguistic structure, studying texts and discourses as a whole leads to a search for equivalencies in translation. This approach is particularly relevant to law translation. In this vein, comparative law can be useful in law translation because it can reveal terminological equivalencies for concepts that are difficult to translate between two legal systems. This will be demonstrated by comparing and translating the Spanish concepts of “recurso de reforma” and “recurso de reposición”.But the role of comparative law goes beyond a single practical application. By developing a new field, herein referred to as juritraductology, which would associate lawyers and linguists, greater legal certainty could be achieved in law translations in general, and specifically in legal proceedings.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2010PA100102
Date30 September 2010
CreatorsMonjean-Decaudin, Sylvie
ContributorsParis 10, Universidad de Málaga, Robin-Olivier, Sophie, Giménez Sánchez, Itzíar
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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