La relation épistolaire entre Jean-Jacques Rousseau et la comtesse d'Houdetot a ceci de particulier qu'elle se transforme en échange mortifère.
Cette correspondance met en évidence la potentialité démiurgique de l'écriture épistolaire et sa dimension solipsiste. La lettre confère à l'épistolier des pouvoirs déréalisants qui lui permettent de transformer l'autre et la réalité à l'image de ses désirs. Cependant, les créations générées par l'écriture s'avèrent plus satisfaisantes. L'épistolier en vient donc à préférer l'écriture à la vie, la fiction à la réalité. L'échange fait disparaître le destinataire au profit de son double d'ancre et de papier, ce qui revient à dire que le scripteur dialogue avec lui-même par le détour d'un être fantasme.
Au terme de cette double métamorphose, celle de l'autre et celle de la réalité, il ne reste plus au moi que lui-même comme partenaire et, croyant à la maîtrise parfaite de l'autre et du monde, il se suffit à lui-même comme Dieu.
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/26930 |
Date | January 2005 |
Creators | Huot, Martine |
Publisher | University of Ottawa (Canada) |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
Format | 130 p. |
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