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La peinture d'un texte: L'illustration de "Maria Chapdelaine" par Clarence Gagnon.

Une analyse de l'illustration du roman par les peintures de Clarence Gagnon qui font partie de l'édition Mornay de Maria Chapdelaine manifeste que ces peintures ne doivent pas être considérées péremptoirement comme un surplus décoratif. Elles illustrent le texte en un processus beaucoup plus complexe et significatif qu'une superficielle décoration qui se contenterait d'orner agréablement la présentation matérielle du roman. Nous avons donc voulu montrer qu'on peut lire ensemble le roman et les peintures, en les considérant comme des égaux, articulés l'un à l'autre en des relations sémantiques complexes. Ce sont les caractéristiques particulières de cette lecture que nous avons décrites, tel qu'elles se présentent, au fil des 54 peintures et de l'emblème inscrit à l'intérieur du roman. L'illustration du roman nous est apparue alors comme un processus d'explicitation, de concrétisation et de clarification qui produit la version élargie du roman qu'est le roman illustré. Pour bien comprendre l'illustration du roman, il nous est apparu nécessaire d'analyser en premier lieu le roman non illustre. Cette analyse nous a permis de mieux comprendre les significations des passages illustres par les peintures et, par conséquent, de juger plus efficacement les significations des actions illustratives. Seule une analyse préalable du roman permet en effet de reconnaitre, dans plusieurs peintures de l'édition Mornay, des illustrations du schème structural qui régit la construction des personnages. La solidarité sémantique qui réunit texte illustre et peinture illustrant nous a permis de définir l'illustration comme un procédé de signification bidirectionnel dans lequel les peintures sont a leur tour illustrée par le texte qu'elles éclaircissent. L'analyse du roman non illustre nous a également permis d'identifier plus clairement les passages non illustrés par les peintures et de comprendre une des caractéristiques générales de son illustration : l’occultation. Sans prétendre définir les règles de fonctionnement du roman illustré en tant que sous-genre romanesque ni de fixer les modalités de fonctionnement du procédé illustratif en soi, nous avons inscrit, entre l'analyse du roman non illustré et nos analyses de l'illustration du roman par les peintures, une brève réflexion dans laquelle nous avons essayé de définir les caractéristiques générales de l'illustration en tant que procédé de signification. Les images illustrantes peuvent éclaircir un roman parce qu'elles sont réalisées dans un langage différent de celui de l'énoncé auquel elles sont articulées. Ainsi, les peintures illustrantes sont toujours visuellement et spatialement plus concrètes et plus explicites que le texte auquel elles sont similaires, parce qu'elles agencent leur énoncé en se servant de formes et de couleurs, donnés immédiatement à voir, alors que le texte ne se donne que comme un potentiel plus ou moins précis et complexe de visualisations. Cependant, l'effet d'illustration résulte tout autant des similarités générales entre peinture et littérature. L'illustration d'un roman peut donc être considérée comme l'ensemble des significations nouvelles proposées par les images inscrites dans un texte. Les significations proposées par l'illustration du roman, articulets à celles énoncées par le roman sans images, produiserit donc le roman illustré, ce texte mixte qui est une version élargie du roman non illustré. Comme une peinture ou un texte non illustré, le roman illustré se veut, idéalement, une totalité : il se présente comme un objet unique et individuel qui se caractérise par la cohérence interne. (Abstract shortened by UMI.)

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/6009
Date January 1990
CreatorsLacombe, Gilles.
PublisherUniversity of Ottawa (Canada)
Source SetsUniversité d’Ottawa
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Format617 p.

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