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Objet et modèle archéologique dans la création sur la Shoah. / Object and archaeological model in creative writing about the Holocaust

Le témoin, le témoignage et la transmission constituent le centre des réflexions sur l’écriture de la Shoah, de sorte que toute œuvre qui rend ces notions moins opérationnelles se trouve classée dans les marges. Ce travail propose de changer de perspective en se concentrant sur ces marges et en supposant la présence d’un modèle mémoriel alternatif. Il s’appuie sur un corpus littéraire et plastique qui actualise le sujet de la Shoah grâce aux objets et propose d’examiner leur capacité de résonner à l’intérieur d’une œuvre concrète et dans l’ensemble de la création, de relever leur potentiel combinatoire et de voir comment s’articule leur absence. Se pose également la question de l’inscription de la photographie analogique dans les textes : à la fois objet et image, elle apparaît comme un élément constitutif de l’intrigue et permet de rappeler les disparus dans un contexte post-événementiel, sans toutefois accroître la visibilité et l’accessibilité du passé. Le caractère opaque et intègre des objets présents dans la création sur la Shoah les dote d’une valeur autonome et conduit à une réévaluation des rapports entre le personnage-témoin, le narrateur et le lecteur. Dans ce modèle, la présence du témoin n’est pas déterminante pour l’évocation du passé : c’est un personnage de la quête menée par le narrateur. Ce dernier revêt le rôle d’archéologue : il explore son présent, repère des résidus du passé, les décrit et tente de les interpréter, sans jamais aboutir à un récit cohérent. La création s’ouvre ainsi à un troisième acteur de la mémoire : elle émancipe le lecteur en l’invitant à formuler le sujet de l’œuvre et à devenir un véritable acteur du modèle archéologique. / Reflections upon Holocaust writings are centred on the witness, his testimony and its transmission, such that any work that makes these notions less applicable is shifted to the margins. This thesis suggests a change of viewpoint by focusing on these margins and by presuming the existence of an alternative memory model. It studies literary and visual works that unravel the Holocaust theme through objects and proposes to examine their ability to echo in a specific piece as well as in the creative production as a whole, to point out their combinatory capacity and to observe how their absence manifests itself. Analog photographs included in the narrative raise particular questions: being objects and pictures at the same time, they represent key elements of the plot, and although they bring the lost people into the post-event context, they do not enhance the visibility and the accessibility of the past. Their opaque and solid nature provides them with an independent value and imposes a reassessment of the relationship between the witness, the narrator and the reader. Within this model the presence of a witness is not essential for the recollection of the past: he is a character of the narrator’s quest. The latter assumes the role of an archaeologist exploring his present, discovering the remnants of the past, describing them and trying to interpret them, his attempts, however, never amounting to a coherent story. Thus the creative production reveals a third agent of the memory: it urges the reader’s emancipation challenging him to construct the subject matter and to become a true protagonist of the archaeological model.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA080025
Date16 June 2016
CreatorsKuzina, Tatiana
ContributorsParis 8, Bayard, Pierre
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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