L’essor et le développement des sociétés mayas anciennes dans un environnement forestier tropical, longtemps réputé hostile, ont soulevé de nombreuses questions, pour la plupart restées sans réponse par manque de données empiriques. Les modèles relatifs à l'exploitation des forêts, à l’impact anthropique sur le milieu et aux stratégies d’adaptation aux changements environnementaux au cours des trois millénaires d'occupation maya, bien que fondés sur des données palynologiques et sédimentologiques, n'ont que rarement été validés par des données archéologiques ou archéobotaniques. En particulier, il n’existe que très peu d'études sur l’économie des bois de feu dans les sociétés mayas préhispaniques, alors que le bois, en tant que ressource de base, constitue assurément un important marqueur écologique et économique dans l’étude des sociétés préindustrielles. Notre projet doctoral avait donc pour objectif principal de reconstituer, par le biais d'une étude anthracologique systématique et diachronique, les stratégies d'acquisition et les usages des bois de feu sur un site maya, afin d'analyser l'impact réciproque entre les activités humaines et les changements du couvert ligneux local sur toute la durée de son occupation. Cette recherche a été menée sur le site de Naachtun, cité de la période classique (250-950 apr. J.-C.) situé à l'extrême nord du Guatemala. Son développement sur huit siècles (≈150-950/1000 apr. J.-C.), les dynamiques de population non linéaires qu'on y observe, ainsi que sa résilience face à la crise du Classique terminal, faisaient tout l'intérêt de Naachtun pour étudier les interactions entre les anciens Mayas et les forêts sur le temps long. Ce travail a nécessité au préalable la compilation d'une collection anatomique de référence des bois des Basses Terres centrales, qui compte aujourd'hui 231 taxons appartenant à 52 familles, matériels physiques et numériques compris. Deux autres thématiques de recherche ont été développées dans ce projet. La première traite de l'impact des processus taphonomiques sur la préservation des charbons archéologiques dans les sites mayas, à travers une étude expérimentale de la combustion de cinq essences de la forêt maya. La seconde a porté sur l'usage du feu et des cendres dans les pratiques rituelles des anciens Mayas. Les dépôts de cendres et de charbons résultant d'actions rituelles y sont examinés selon une approche spatiale de façon à restituer les gestes humains responsables de leur formation. À travers ces trois axes de recherches interdépendants, on démontre l'apport de l'anthracologie dans l'étude des dynamiques socio-environnementales et des comportements humains dans les Basses Terres mayas. / The rise and development of ancient Maya societies in the tropical forests of the Maya Lowlands, a demanding environment, have raised important questions, most of which remain unanswered due to a lack of empirical data. Models describing Maya forest exploitation, landscapes impact and adaptation to environmental changes over three millennia of occupation mostly rely on palynological and sedimentological data. Archaeological or archaeobotanical data has conversely very rarely been used to test these models. Specifically, no attempt has been made to reconstruct systematically the global wood economy of ancient Maya cities. Wood was an indispensable resource for the Maya, as for all pre-industrial societies, and thus constitutes a key economic and ecological indicator for understanding socio-environmental interactions over time. This doctoral study therefore aims to conduct a systematic and diachronic anthracological study at a Maya site, in order to reconstruct domestic firewood collection strategies and analyze cross relations between human activities and woodland changes throughout the whole length of the occupation. This research has been carried out at the site of Naachtun, a Classic period city (AD 250-950) located in northern Petén, Guatemala. The development of the city over eight centuries≈ ( AD 150 -950/1000), with non-linear population dynamics, and its resilience during the Terminal Classic crisis, made the site of Naachtun a relevant candidate for the study of the interactions between the ancient Maya and the forest on a long-term scale. This required beforehand the compilation of a wood reference collection for the Central Maya Lowlands, which now comprises 231 taxa belonging to 52 families, physical and numerical materials included. Two other lines of research have been developed in this project. The first focuses on the impact of taphonomic processes on the preservation of archaeological charcoal at Maya sites, by means of an experimental study of the combustion of five tree species of the Maya forest. The second one deals with the use of fire and ashes in the ritual practices of the ancient Maya. Ash and charcoal deposits resulting from ritual actions are examined through a spatial approach in order to reconstitute the human gestures that are responsible for their formation. These three interdependent lines of research allow us to demonstrate the usefulness of anthracology in the study of the socio-environmental dynamics and human behaviors in the Maya Lowlands.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA01H072 |
Date | 05 December 2017 |
Creators | Dussol, Lydie |
Contributors | Paris 1, Michelet, Dominique |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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