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Figuration du divin, figuration de soi : mythe et liturgie chez Mallarmé, George et Yeats

Dans Offices, Mallarmé érige en modèle esthétique la figuration liturgique, dont les gestes stylisés indiquent l'invisible, ce "soi" qui est dieu et qui, se tenant en retrait au tréfonds de l'intimité humaine, ne peut être saisi dans les formes courantes de la rationalité et de la vie sociale, d'où la triple métaphore symboliste de la séparation : hermétisme, aristocratie, élection. Le geste liturgie du poème opère une soustraction : il retranche du réel un temps et un espace sacrés, cercle magique que sont l'ile de prose, la vitre des fenêtres ou chez Yeats une étreinte rêvée, métaphore d'un éden fictif où les choses sont restituées à leur virginité, ou se produit une idéalisation du monde qui permette sa superposition avec le ciel intérieur de l'âme. Dans cette fête qu'est le poème, le geste réactualise le jaillissement premier du monde, fait surgir une enfance fictive de la terre, annule les conséquences de la chute réinterprétée comme la distance qui sépare la réalité du rêve, ressaisit le soi originaire dans le mythe pour raviver symboliquement la banalité, il sacre et glorifie. l'idéalisation liturgie et poétique exige une double forme d'abstraction, dématérialisant et schématisant, éclairée à la lumière de la théorie kantienne du schème comme instrument de passage et de participation, dans les deux sens, du matériel au spirituel, du concret à l'abstrait, du visible, comme instrument de suggestion indirecte et de figuration mythique. Le geste poétique volatilise les êtres pour libérer une forme schématique, idéale, susceptible de coïncider avec les "rythmes essentiels" du soi, de sorte qu'advienne une correspondance symbolique entre le réel et ce que rêve en l'homme sa part métaphoriquement divine en tant que créative et récréative. Sont étudies chez les trois auteurs, dans cette perspective de l'abstraction mythique et liturgie suggérée par Mallarmé, plusieurs figures ainsi que deux schèmes essentiels de leur poésie : le schème baptismal et celui du néant irradiant, qui visent à produire une restauration de l'être sans sa splendeur originelle.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00903213
Date05 January 1996
CreatorsMattiussi, Laurent
PublisherUniversité François Rabelais - Tours
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
Languagefra
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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