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Le cheval mexicain en Nouvelle Espagne entre 1519 et 1639

Traditionnellement, l'histoire du cheval au Mexique a été envisagée à la lumière des vainqueurs. Les chevaux étaient présentés comme des acteurs majeurs de la victoire des conquérants et de leur supériorité sur les vaincus. Les chevaux symbolisaient la Conquête, la domination coloniale et la division entre la République des Espagnols et la République des Indiens. Toutefois, l'histoire du cheval au Mexique doit être élargie à la société coloniale novo-hispanique dans son ensemble, c'est-à-dire dans une période où nous décelons la genèse de la mexicanité moderne, raison pour laquelle nous avons intitulé notre thèse "Le cheval mexicain" dont la naissance et la cristallisation s'étendent entre 1519 et 1639 environ. Les questions qui ont guidé notre étude sont les suivantes : dans quelle mesure les chevaux et les cultures équestres dévoilent-ils les mécanismes à l'oeuvre dans la société de la Nouvelle-Espagne et témoignent-ils de son originalité -au regard de l'Espagne notamment- ? Quelle part donner aux Indiens dans la construction de cette culture chevaline proto-mexicaine ? Quand et comment le cheval mexicain cesse-t-il d'être un cheval espagnol ? De quelle façon prend-il conscience de cette "identité" mexicaine et comment l'appréhende-t-il ? Dans quelle mesure enfin le " cheval mexicain " permet-il de mieux comprendre la complexité, les héritages multiples, les échanges et les tensions qui fondent l'identité mexicaine ? Parmi les manifestations majeures de cette histoire, se trouve en premier lieu " l'équitation reine " qui se présente sous la forme de diverses techniques équestres dont des conceptions, des valeurs idéologiques et esthétiques novo-hispaniques projetées sur l'animal sont indissociables. En second lieu, il convient de poser les bases d'une ethnographie du cheval en Nouvelle-Espagne dans laquelle " les chevaux vécus " évoluent au coeur d'une domestication dont rendent compte notamment l'élevage, les usages, le harnachement et un langage chevalin original. En troisième lieu, les sociétés chevalines novo-hispaniques, à mi chemin entre les sociétés à écuyers et les peuples cavaliers, apparaissent comme un creuset et un laboratoire d'expériences. Enfin, les regards indigènes sur les chevaux, qui interrogent les origines du cheval au Mexique et les associations d'ordre mythologique que les Indiens établirent entre le cheval et le cerf, constituent l'une des expressions primordiales de l'histoire du cheval au Mexique. Au terme de la consultation et de l'analyse d'une documentation abondante et variée dans la forme et dans le fond et souvent inédite, notre travail permet d'enrichir tout d'abord l'histoire du cheval au Mexique. En effet, en abordant le cheval du point de vue de la mexicanité, notre thèse apparaít comme la première tentative d'histoire sociale et culturelle sur la genèse du cheval mexicain, pour l'importance qu'elle accorde aux apports indigènes dans l'équitation et les techniques de la domestication ou encore pour la mise en évidence d'une culture du cheval novo-hispanique métisse. Notre travail enrichit aussi l'histoire coloniale du XVIe siècle, au regard notamment des portraits sociologiques de marchands et de voleurs de chevaux, qui sont les premiers de ce genre à cette époque.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00948259
Date26 January 2010
CreatorsDu Bron, Marion
PublisherEcole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
Languagefra
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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