Même si la maltraitance envers les enfants est une problématique qui touche tous les groupes culturels de la société, les statistiques sur les signalements reçus à la protection de la jeunesse montrent que certains groupes culturels minoritaires sont surreprésentés comparativement à leurs proportions respectives dans la population. Bien que ce phénomène puisse s’expliquer par la présence de biais dans la prise de décision de signaler, les études empiriques disponibles ne permettent pas de confirmer cette explication ni même de comprendre de façon plus générale la prise de décision en cette matière. Cette étude qualitative a pour but de comprendre de quelles façons le personnel scolaire prend des décisions de signaler la maltraitance envers les enfants aux services de protection de la jeunesse, en particulier lorsqu’elle concerne des enfants de groupes culturels minoritaires. Vingt-et-une personnes faisant partie du personnel enseignant et non enseignant de neuf écoles primaires ont participé à des entrevues individuelles semi-dirigées. Elles ont relaté 25 situations de prise de décision impliquant des enfants de divers groupes culturels minoritaires (n=13) et du groupe culturel majoritaire (n=12) présentant des indices d’abus physique ou de négligence. Les situations ont été soumises à une démarche d’analyse pragmatique et éclectique afin d’en examiner les convergences et les divergences. Deux processus antérieurs à la décision sont décrits: (1) reconnaître la présence d’indices de maltraitance et (2) juger si la situation doit être signalée à la protection de la jeunesse. Diverses formes d’incertitude, découlant de facteurs situationnels, individuels et organisationnels, caractérisent ces processus. De plus, lorsqu’il s’agit de situations impliquant des enfants de groupes culturels minoritaires, des formes d’incertitude supplémentaires se manifestent par le besoin de rechercher et de valider des explications attribuables aux différences culturelles. Au final, les résultats dégagent des tendances qui pourraient mener à la décision de signaler davantage ces situations, mais aussi des tendances pouvant conduire à la décision de ne pas les signaler. Cette étude souligne le besoin d’améliorer les outils d’aide à la décision destinés aux personnes légalement tenues de signaler la maltraitance à la protection de la jeunesse, particulièrement lorsqu’il s’agit de composer avec des différences culturelles. / Even though child maltreatment affects all cultural groups in the contemporary society, statistics from youth protection services reveal that children from certain minority cultural groups are over-represented compared to the group’s relative importance in the general population. Although bias present in the decision to report these children might explain this phenomenon, empirical studies currently available do not confirm this explanation, or even provide a general understanding of the decision-making process involved. The goal of this qualitative study is to understand the ways in which school personnel decides to report situations of child maltreatment to the youth protection services, in particular when the situations concern children from cultural minority groups. Twenty-one members of the teaching and non-teaching personnel of nine elementary schools took part in semi-structured individual interviews. They mentioned 25 instances of situations involving children where there were indications of physical abuse or neglect. The children concerned were from different minority cultural groups (n = 13) and also from the cultural majority (n = 12). These 25 situations underwent a wide-ranging pragmatic analysis to examine similarities and differences. Results describe two processes before the decision itself: recognizing the presence of maltreatment indicators, and judging whether the situation must be reported to youth protection services. Many forms of uncertainty that occur as a result of situational, individual and organizational factors, characterize these processes. Furthermore, when it comes to situations involving children from cultural minority groups, additional forms of uncertainty are shown in the need to find and prove the validity of the explanations attributable to cultural differences. In the end, the findings reveal various tendencies that could lead not only to the decision to report the situations involving these children, but equally to the decision not to report them. This study shows that those persons, who are legally required to report child maltreatment to the youth protection services, need better decision-making tools, especially when it comes to dealing with cultural differences.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/25352 |
Date | 20 April 2018 |
Creators | Poitras, Michèle |
Contributors | Gagné, Marie-Hélène |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xx, 176 pages), application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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