Cette thèse présente l'ensemble du parcours de création du metteur en scène québécois Denis Marleau, de la fondation de la compagnie de création UBU, qu'il dirige depuis 1982, jusqu'à 2005, année où est créé le spectacle Les Reines dont l'analyse du processus de création introduit ce travail. Construisant ses spectacles à partir d'œuvres littéraires et accordant une attention particulière à la profération du texte sur la scène par les acteurs, Marleau conçoit un théâtre s'inscrivant dans la mouvance du "théâtre de texte" qui se développe durant les années 1980, c'est-à-dire une pratique se fondant sur l'interprétation scénique d'une oeuvre textuelle, littéraire ou dramatique. Cette thèse observe le statut du texte dans les spectacles de Denis Marleau, en étudiant plus particulièrement le jeu des acteurs qui le profèrent. S'inspirant des œuvres littéraires qu'il met en scène, Marleau conçoit des modalités de jeu singulières qui éclairent en retour le texte. La perspective générale de cette thèse est ainsi la dramaturgie, entendue au sens de l'étude du passage entre le texte et la scène. Les différentes étapes du parcours de création du metteur en scène sont exposées à travers l'analyse de spectacles phares. Durant les années 1980, Denis Marleau conçoit des collages de textes appartenant aux répertoires des avant-gardes historiques. Pour interpréter ces collages, les acteurs développent des modalités de jeu où la théâtralité est exposée : gestes et diction sont artificiels et exacerbés. Marleau effectue un virage important au début des années 1990 lorsqu'il met en scène des pièces de Samuel Beckett, puis délaisse le collage pour se tourner vers des pièces "entières". Les modalités de jeu se transforment passablement, tandis que les acteurs conçoivent un jeu tout en retenue afin d'en favoriser la transmission limpide. La figure de l'auditeur apparaît dès lors de façon récurrente sur la scène de Marleau, figure qui écoute le texte proféré à l'instar du spectateur. Enfin, plus récemment, l'outil vidéo est utilisé sur la scène et participe autant à l'invention de nouvelles modalités de jeu qu'au raffinement de celles qui apparaissaient déjà dans les spectacles précédents. En commençant ce parcours dans les répétitions d'un spectacle, en procédant à l'analyse détaillée de trois spectacles et en évoquant plusieurs autres créations, cette thèse identifie différentes modalités de jeu afin de montrer l'évolution de la pratique du metteur en scène tout autant que la continuité dans sa vision esthétique. Si une rupture peut en effet être observée au tournant des années 1990, plusieurs modalités de jeu - le modèle de la marionnette, le jeu grotesque, le personnage-choral, la frontalité, entre autres exemples - sont récurrentes tout au long de son parcours. Le metteur en scène passe d'un "théâtre de l'exposition" à un "théâtre de la réduction", suivant les expressions élaborées dans cette thèse, mais il envisage le texte de la même façon, l'abordant comme une matière concrète, accordant autant d'importance au son et au sens des mots, et sa visée demeure semblable : Marleau souhaite trouver les stratégies pour le "faire entendre" avec clarté.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/21484 |
Date | 16 April 2018 |
Creators | Jacques, Hélène |
Contributors | Hébert, Chantal |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | ix, 308 f., application/pdf |
Coverage | Québec (Province), 20e siècle, 21e siècle |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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