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L'amitié comme lieu du politique : une critique de l'immanentisme occidental

Il s'agit de repenser le politique à partir de la thématique de l'amitié. Pour ce faire, nous formulons d'abord une critique de ses conceptions dominantes dans la tradition philosophique et en tirons ensuite les conséquences sur les principaux paradigmes d'analyse et d'organisation politique. Puisque la compréhension que nous avons du rapport à autrui n'est jamais étrangère au mode de régulation sociale qui s'institue, il appert que le traitement philosophique de l'amitié renseigne de façon privilégiée sur le sens donné historiquement à la vie publique. Si, aux origines de la pensée occidental nous observons une dévalorisation des affections mondaines au profit d'une recherche des conditions de l'amour d'un être absolu, nous y voyons l'origine des principales apories dans lesquelles se meuvent les modes contemporains d'institutionnalisation politique -tel est le sens d'une critique de l'immanentisme. Cette optique met en lumière l'impératif de redéfinir l'articulation et la place de l'affect dans l'existence humaine à partir de courants inspirés de la phénoménologie, lesquels rétablissent une préoccupation pour l'amitié, et le rapport à l'autre en général qui devient absolument central à leurs recherches. Il s'agit en somme d'une lecture de l'idée de Martin Heidegger d'une « sollicitude » positive qui vise à fixer les conditions d'un espace public émancipateur -si cette possibilité apparaît d'emblée exclue de l'éthique de l'être-pour-
la-mort une interprétation de Giorgio Agamben du concept d'amour chez le philosophe procure un nouveau souffle à l'analytique de l'être-avec-autrui (Mitdasein), et argumentons-nous, un éclairage original sur l'expérience de la communauté politique. Nous nous appuyons donc sur le concept de monde, que chez Heidegger, relocalise la vérité dans la concrétude de l'existence mondaine et effectue ainsi un premier dépassement d'une tradition qui cherchait à s'en extraire, et sur la philosophie de l'action de Hannah Arendt qui opère un second dépassement restituant la vérité au monde commun des apparences. La politique s'y jouant la compréhension que nous en proposons met en lumière certains écueils érigés par la métaphysique occidentale et prêche en faveur d'une reconsidération de la dimension éminemment plurielle de l'être. Elle en appelle à une ontologie plurielle -projet que, pour des raisons évidentes, nous nous contentons d'énoncer. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Amitié, Communauté, Politique, Pluralité, Martin Heidegger, Hannah Arendt.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.3207
Date January 2006
CreatorsBernier, Émilie
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/3207/

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