Ce mémoire examine comment l'exclusion extrême qu'est le phénomène de l'itinérance s'enracine et se déploie dans la vie de quatre hommes quarantenaires vivant à Montréal. Plus spécifiquement, il cherche à pénétrer les différents facteurs qui participent à une forme d'exclusion qui amène une personne à ne plus répondre aux appels l'intimant à se réhabiliter, se réinsérer et s'intégrer dans la société. Avec l'aide d'un large cadre théorique, il explore comment les concepts d'identité, d'exclusion sociale et d'autoexclusion
participent aux réalités vécues par les participants à l'étude. Il cherche à comprendre comment ils peuvent devenir réfractaires, rebelles et sourds aux injonctions sociales d'intégration. La recension des écrits à cet égard s'est avérée riche en contenu tout en couvrant chacun des thèmes sous des angles grandement diversifiés. Depuis de nombreuses années, chercheurs et intervenants proposent des interprétations, des explications et des modèles reposant sur des savoirs théoriques et pratiques, particulièrement depuis la fin des années 1980, avec la persistance et l'amplification du phénomène. La complexification des problématiques associées ont fait de l'itinérance un enjeu social abondamment interrogé et analysé. D'une part, sont mis en évidence les dimensions socio-économiques (désinstitutionalisation, appauvrissement, altération du tissu social, etc.) présentant l'itinérant comme une victime des inégalités sociales. D'autre part, les dimensions individuelles et psychologiques (santé mentale, toxicomanie, incapacités diverses, etc.) tendent à faire porter une partie de l'explication sur les considérations personnelles. En revanche, peu de liens sont établis, non pas entre l'itinérance et les facteurs précipitants externes ou individuels, mais au sens même de la dynamique de l'itinérance interprétée comme un «mode de vie» en réponse aux injonctions d'intégration de la société. Cette approche révèle la personne itinérante comme une personne ayant une prise sur son existence malgré sa condition d'extrême vulnérabilité. C'est l'hypothèse de cette recherche qualitative. L'analyse du contenu des données recueillies tend à démontrer que si la personne en situation d'itinérance doit posséder des stratégies indispensables à sa survie, elle déploie également des stratégies visant la préservation de son identité sociale qu'elle élabore et ajuste aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de son groupe d'appartenance. Les données ont permis d'identifier les stratégies que les personnes en situation d'itinérance utilisent visant la protection de leur identité sociale, mais également celles qui, paradoxalement, visent le maintien de l'exclusion, ce retrait non plus subi et que l'on endure, mais un retrait poursuivi et que l'on préserve. D'une façon encore insaisissable et déconcertante, certaines personnes ne tentent plus d'affirmer leur identité et en arrivent à l'épuisement des possibilités d'intégration sociale. C'est dans cet espace que l'auto-exclusion se manifeste. Enfin, une deuxième source de données fut recueillie auprès de professionnels du milieu à partir du matériau de base dans le but de confronter ces données avec leur expertise. Ce mémoire se conclut par l'apport réflexif de ces quatre intervenants et explore des voies possibles d'intervention. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Itinérance, Exclusion, Identité, Santé, Incurie, Auto-exclusion.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2406 |
Date | January 2009 |
Creators | Hérard, Jacques |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2406/ |
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