L'œuvre de Rick Moody échappe à toute tentative de catégorisation générique, elle est à la croisée de styles qui s'entrechoquent et se heurtent pour donner naissance à une prose hétéroclite. Cette fiction protéiforme n'en demeure pas moins traversée par la répétition d'un motif invariant : l'accident. C'est le paradoxe de cette observation qui constitue le point de départ de cette thèse. Comment l'accident, dont le surgissement paraît toujours fulgurant, instantané et unique, peut-il se voir répété, décliné et transformé en un principe structurant qui préside à la composition de l'oeuvre de Rick Moody ? Pour répondre à cette question, il faut nécessairement changer le présupposé sur lequel repose la définition de l'accident pour qu'il ne soit plus seulement envisagé comme ce qui arrive de manière accidentelle mais pour que soit révélée également sa dimension essentielle. Cela revient à proposer l'hypothèse que l'accident est toujours déjà là, qu'il est ontologique. Ce changement de perspective, rendu possible par une manipulation temporelle, encourage, sur le plan de l'analyse littéraire, une étude de la temporalité de l'accident. Son surgissement induit plus largement la question de la représentation de la réalité tandis que sa répétition autorise son inscription dans une durée. Provoquant toujours une rupture, la temporalité de l'accident est double car elle a la possibilité à la fois de mettre un terme et de faire éclore un nouveau début. L'accident crée des formes et des cycles, il surgit, dure, détruit, mais aussi régénère.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00935831 |
Date | 10 December 2012 |
Creators | Chapuis, Sophie |
Publisher | Université de la Sorbonne nouvelle - Paris III |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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