S’appuyant sur les normes de filiation, nombre de travaux font valoir que chez les Mossi, l’orphelin n’existe pas : le fils aîné ou les frères du père biologique se substituent valablement à ce dernier, à son décès. Cette idée se fonde sur la croyance selon laquelle les Mossi constituent une entité du collectif, du consensus, où les individus n’ont d’intérêt qu’en rapport avec la famille élargie. Mais, à l’analyse, cette référence au consensus paraît simpliste. Réalisée sur la base de 20 entretiens semi-directifs accompagnés d’observations directes, cette thèse vise à comprendre les logiques d’acteurs autour du soutien familial aux orphelins chez les Mossi, à Ouagadougou. Contrairement aux idées reçues, cette thèse conclut que : 1) Le décès du père révèle des divisions antérieures entre frères et apparaît comme une cause de conflits opposant la veuve et sa famille à la famille de l’époux, concernant la gestion des biens du défunt. En effet, selon le mariage coutumier, la femme apparaît comme une étrangère dans la famille de son époux; alors que le mariage civil la responsabilise vis-à-vis de ses enfants.Dans ces conflits, contrairement aux normes de filiation prédominantes dans cette société, nombre d’orphelins sont transférés vers la lignée maternelle ou auprès des personnes non apparentées; 2) Plusieurs orphelins de mère sont maintenus auprès du père en raison d’un orgueil masculin assimilant les transferts d’orphelin à une irresponsabilité sociale. Les coépouses jouent un rôle important dans le soutien aux orphelins et illustrent, selon les hommes, l’importance de la polygamie; 3) La stratégie de transfert des orphelins en vue de permettre leur éducation n’est pas toujours récompensée. De manière générale, les orphelins s’investissent dans le travail pour subvenir à leurs besoins; ils s’arrangent pour que cet investissement ne constitue pas un frein à leur éducation; 4) La relation de filiation ne légitime pas celle de l’alliance. Cette thèse souligne la nécessité d’étendre la notion de la famille élargie dans le cas des transferts d’orphelin, voire mieux définir l’appartenance à la famille élargie. Au-delà des normes de filiation, les modalités de transfertd’orphelin ou le contexte économique et socialjouent un rôle important. / Based on the filiation rules within the Mossi, a few works have highlighted that the concept of being orphan does not exist in that society. Those works support that the oldest child or brothers of the biological father do care for the orphans after the father’s death. That idea is ingrained in the belief that the Mossi represent a collective group where individual’s wills are dissolved within the extended family expectations. In our perspective, that reference to the Mossi as a collective group seems to be simplistic. Based on direct observation and 20 interviews laid nearby households, this research aims at understanding the logics of actors about the family care to the orphans.Contrary to the biases, this research concludes that: 1) The father’s death reveals prior conflicts between the deceased and his brother, and proves to lead to conflicts that opposes the widow and her family to the family of the spouse. Those conflicts laid on the access to the heritages. Indeed, according to the lineage logic, the women appears as foreigner in their husband family. They are not allowed to inherit from their spouse, contrary to the civil law of Burkina Faso. These conflicts make detrimental the father’s family support to orphans. As a consequence, we noted that a few orphans have been transferred to their mother’s family or to non-related family on purpose of education; 2) Most of the children who have lost their mother are maintained in their father’s household. We noted that men have a sort of ego that leads them to think of orphan fosterage as a social irresponsibility. We may highlight that the step-mothers play an important role at supporting the orphans. In doing so, according to men, they appear as an illustration of the importance of the polygamy; 3) The strategy of transferring the children in order to assure their education is not always rewarded. It happens that the receiving household ask some compensations from the fostered children such as domestic chores. What is notable is that, generally, those children arrange so that their works may not restrain their education; 4) The filiation relationship does not lead to social recognition of alliance. This research brings up the necessity to enlarge the concept of the extended family in the case of orphan’s fosterage in the Mossi’s society, that is, the necessity of better defining the fact of belonging to extended family. Beyond the filiation rules, the modes of the orphan fosterage and the social and economic context do play an important role.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/25154 |
Date | 20 April 2018 |
Creators | Danhoundo, Georges |
Contributors | Marcoux, Richard |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xix, 267 pages), application/pdf |
Coverage | Burkina Faso, 21e siècle |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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