La question du statut des objets issus des sociétés extra-occidentales conservés dans les musées occidentaux restait posée, jusqu'à récemment, dans les termes du paradigme construit au cours du vingtième siècle opposant le statut ethnographique au statut esthétique, et à partir d'une conception intrinsèque du statut des objets. La controverse suscitée par l'annonce du projet du musée du quai Branly au sein des communautés anthropologique et muséale en témoigne. Cette recherche propose de renouveler l'approche du statut des objets extra-occidentaux en adoptant une conception extrinsèque du statut des objets. Elle repose sur deux analyses sémiotiques successives de l'exposition permanente du musée du quai Branly. La première vise à analyser séparément et exhaustivement les registres médiatiques de l'espace, scriptovisuel et audiovisuel qui composent, avec le registre des objets, l'exposition : la seconde à analyser, au sein d'un corpus restreint d'unités d'exposition, l'interaction des registres, dans le but final d'identifier les processus interprétatifs producteurs du sens des objets. L'objectif de cette double analyse consiste à vérifier que l'exposition permanente du musée du quai Branly assigne le statut d'objet de patrimoine aux objets issus des sociétés extra-occidentales qu'il conserve. La première partie de la thèse est consacrée à restituer la construction de la question de recherche, qui porte sur le caractère patrimonial du statut des objets de musée extra-occidentaux, et à rendre compte des moyens méthodologiques mis en œuvre pour y répondre. La deuxième partie, consacrée aux résultats de l'analyse séparée des registres, confirme que les marqueurs nécessaires à l'assignation du statut patrimonial des objets extra-occidentaux, les mondes d'origines ailleurs et muséaux, sont bien certifiés dans l'exposition. Elle montre également la mobilisation particulière du registre de l'espace. L'ensemble incite à formuler l'hypothèse que l'espace ne constitue pas un interprétant des objets, que les mondes d'origine ailleurs et muséaux occupent une place secondaire dans l'assignation du statut des objets et, finalement, que les objets sont les principaux interprétants des objets. Enfin, la troisième partie permet de vérifier que la certification de l'appartenance des objets à leur double monde d'origine est bien réalisée par le traitement muséal, l'exposition assigne donc bien le statut de patrimoine aux objets exposés, mais elle montre aussi que les éléments de la certification apparaissent comme secondaires, tandis que la production du sens des objets par la relation entre les objets favorise l'assignation d'un autre statut de l'objet : le statut de curiosité. En s'appuyant sur la production de la signification des objets par le dispositif d'exposition pour le visiteur, cette recherche permet de penser, plus largement, la capacité de l'exposition à proposer un discours neutre qui modifie son opérativité, et qui permet à l'institution muséale de se placer dans une posture de délégation du sens produit par l'exposition.
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Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.5058 |
Date | 11 1900 |
Creators | Lesaffre, Gaëlle |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Thèse acceptée, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/5058/ |
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