L’art sonore et la musique apparaissent plus régulièrement dans la programmation de musées d'art depuis le tournant du 21e siècle et provoquent des transformations majeures au sein des pratiques de l'exposition. Toutefois, aucun modèle expositionnel n'a permis jusqu'à maintenant de réinvestir le sujet à partir des enjeux spécifiques au sonore, de ses technologies et de ses possibilités d'écoute, qui sont souvent négligées, ni de réévaluer intrinsèquement les limites des modèles oculocentristes qui ont orienté les discours et les pratiques des institutions muséales. Cette thèse revisite l'exposition du musée d'art, soit l'ensemble des espaces discursif et physique qui interagissent avec le lieu, en démontrant l'épuisement d'une logique rappelant les codes du white cube et de la black box, en proposant le studio de son et le concert de musique comme nouveaux modèles d'exposition, issus des modèles de production et de diffusion de l'industrie de la musique. Pour ce faire, cette recherche défend le postulat selon lequel le développement du sonore dans l'exposition est tributaire des sons enregistrés produits grâce aux technologies de reproduction et de diffusion sonores ainsi que des pratiques – individuelles et collectives – d’écoute de la sphère quotidienne. L'étude s'appuie sur une série d'expositions dévoilant différentes déclinaisons de la relation entre le discours muséal et la mise en espace selon des points d'ancrage sonores spécifiques : l'exposition d'art sonore Soundings: A Contemporary Score (2013) au Museum of Modern Art ; Ragnar Kjartansson (2015) et Anri Sala (2011) au Musée d'art contemporain de Montréal ; la musique électronique de Sonic Process (2002) au Centre Pompidou ; et finalement, la musique populaire au sein de l'exposition David Bowie Is (2013) développée par le Victoria & Albert Museum. De là, cette thèse démontre, en s'appuyant sur les théories des sound studies et de la phénoménologie de l’écoute, la manière dont le son exposé renvoie à des enjeux qui lui sont propres, à des éléments de mixage qui favorisent des régimes d'écoute au musée d'art et qui reconstruisent la posture du visiteur par l'errance. Au-delà de la dimension sensorielle, le son dans le contexte du musée d'art déplace les modèles théoriques et disciplinaires de manière à abolir les hiérarchies et à reconfigurer l'idée du musée sous l'angle de la résonance. / Sound art and music have appeared in art museum programming with increasing regularity since the turn of the 21st Century and have caused major shifts in the exhibitory practices. However, no exhibition model has so far been able to properly account for the multifarious issues raised by sound in the museum space. There has been a failure to adequately address both the technological and audible opportunities of sound and, concomitantly, an inability to re-evaluate the intrinsic limits of oculocentric models that have guided the discourses and practices of museum institutions. This thesis revisits the exhibition practices of the art museum—the set of discursive and physical spaces that interact within these locations. It demonstrates the limits of a logic built on codes reminiscent of the white cube and the black box, proposing instead the idea of the sound studio and the music concert as new exhibition models, which are related to the production and distribution models of the music industry. To do so, this research initially argues that the development of sound in an exhibition context depends on the recorded sounds of reproduction and distribution technologies as well as the practices—individual and collective—of listening in everyday. The study is based on a series of exhibitions that reveal variations in the relation between the museum discourse mapped out above and the organization of the exhibition spaces according to sound-specific pieces: the exhibition of sound art Soundings: A Contemporary Score (2013) at the Museum of Modern Art; Ragnar Kjartansson (2015) and Anri Sala (2011) at the Museum of Contemporary Art in Montreal; the electronic music of Sonic Process (2002) at the Center Pompidou; and finally, popular music in the David Bowie Is exhibition (2013) developed by the Victoria & Albert Museum. From here, the thesis will demonstrate—based on the theories derived from both sound studies and listening phenomenology—the ways in which the sound within the exhibition space raises specific issues, how mixing encourages regimes of listening in the art museum and how the visitor's posture is transformed by the possibilities of wandering through the museum space. Beyond the sensory dimension, sound in the art museum context brings about a shift in theoretical and disciplinary models; abolishing hierarchies and reconfiguring how we understand the idea of the museum from the concept of resonance.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/23433 |
Date | 12 1900 |
Creators | Bouchard, Karine |
Contributors | Bernier, Christine |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou mémoire / Thesis or Dissertation |
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