Le monde dont je fais partie me touche et me projette dans la confusion. Il me semble que mes idées sur celui-ci demeurent toujours partielles de par sa démesure et son infinité. C'est entre autres parce que j'y suis immergé, comme un élément constituant, et donc hanté par les choses qui m'entourent et m'habitent. Par un processus de création venant du corps connaissant les matériaux, il y a bien une méthode qui prévaut : celle du ± recyclage ¿. En soupesant la charge de possibles dans les matériaux, leurs énergies et leurs forces, j'opère une digestion massive du réel, de proche en proche, un remaniement chirurgical par incorporation - ce qui tient du sismographique ou du tellurique, de la mastication. Ce travail est un faire qui surgit d'une présence face aux choses, un mouvement pour habiter la matière. Il y a là une quête de connaissances et de compréhension de tout ou de n'importe quoi. La vision transperce tout objet et ne connaît aucune autre limite que la sienne, c'est-à-dire celle de l'individuation et de ses contingences. Ma peinture est mouvement de transgression : sortir des limites et aller ailleurs. La peinture, intrinsèquement événementielle, détourne toujours la volonté vers des inattendus. Ainsi elle est vécue comme une activité de l'ordre du trajet : trace et capture du réel en images plutôt que projet. La peinture ne reproduit pas le visible; elle rend plutôt les visions ou fantômes du corps sensible entreprenant, et donc une singularisation. Elle est une revendication vivante de liberté. Mon travail en peinture est un travail d'intensification ou d'infestation qui se pose en contraste, voire en opposition, au monde de la banlieue nord-américaine, de son amour de la neutralisation, de la séparation et de l'imitation. La ± schizophrénie ¿ qui découle du capitalisme contemporain contribue, dans la durée, au durcissement de modèles d'existences types, à une stereotypic de la pensée qui transforme la liberté d'où ces modèles semblent issus, en contraintes et en dépendances. Je m'appelle Benoît Blondeau et je viens des Saules.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/21672
Date17 April 2018
CreatorsBlondeau, Benoît
ContributorsJean, Marcel
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typemémoire de maîtrise, COAR1_1::Texte::Thèse::Mémoire de maîtrise
Format35 f., application/pdf
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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