Objet d’un intérêt tardif dans la recherche universitaire, la musique noise représente pourtant une forme d’art emblématique de l’underground sonore. Elle porte et cristallise une approche radicale en faisant du bruit sa matière, en se jouant de la forme et du développement, en hybridant ses territoires stylistiques. Les pratiques de jeu ne signent plus la suprématie de l’instrument ni de la composition, mais se placent sous le régime d’une expérimentation ludique et bricoleuse. On n’évalue plus la qualité musicale selon le niveau de compétence technique de l’artiste, tandis que les modalités d’écoute sollicitent de manière spécifique le corps et l’environnement. Les pratiques de production, d’organisation et de diffusion de la musique, empruntes de l’éthos du Do it Yourself (DIY) placent l’autonomie, la polyvalence et l’amateurisme au cœur de ce monde de l’art. A partir d’une approche interdisciplinaire marquée par la musicologie, l’esthétique et les sciences sociales, cette thèse entend questionner, à partir d’analyses musicales, d’archives de presse, d’enquêtes, de cartographies et d’une ethnographie menée au sein de la scène parisienne, comment la musique noise et les pratiques sociales qui l’accompagnent nous interrogent sur nos manières conventionnelles d’appréhender ce qu’est la musique et même une « bonne » musique, la figure du musicien, les intermédiaires artistiques ou la scène du concert, au regard de ce qui semble sans doute constituer un nouveau paradigme contemporain de l’expérimentation. / Although noise music has only recently become an object of interest for academic research, it still represents a form of art emblematic of the underground music scene. It is characterized by a radical approach which implies using noise as work material, playing with form and development, and hybridizing its stylistic territories. This approach is reflected by playing practices in which the emphasis is no longer laid on the supremacy of instruments and composition, but rather on playful and makeshift experimentation. Musical quality is not assessed on the artist’s technical skills anymore, while the listening conditions call for a specific implication of both body and environment. The practices of production, organization, and diffusion of music, borrowing from the éthos of DIY, place autonomy, versatility, and amateurism at the heart of this art world. This PhD research, based on musical analyses, press archives, field surveys, topographies, and an ethnographic study of the Parisian scene, proposes an interdisciplinary approach marked by musicology, aesthetics, and social sciences. Its aim is to question the way noise music and its specific social practices challenge the manner in which we conventionally apprehend what we consider as music, and even “good” music, the image of the musician, the artistic intermediaries or the stage, in light of what seems to constitute a new contemporary paradigm of experimentation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PSLEH140 |
Date | 29 November 2018 |
Creators | Benhaïm, Sarah |
Contributors | Paris Sciences et Lettres, Buch, Estebán, Le Guern, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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