L’auteur retranscrit vingt-cinq années de vie vécues parmi la communauté dite « des gens du voyage ». Il a fait le choix de s’attacher à présenter la construction sociale dans la communauté. Cette organisation permet de maintenir la cohésion dans les groupes. L’intitulé de la thèse est parfaitement démontré dans le texte riche de moments forts, de descriptions précises, au terme de l’exercice universitaire, le paradigme, « quand dire c’est être » est avéré. Etranger à cette culture, l’anthropologue choisit la réflexivité comme outil d’analyse, il en ressort une vision exacerbée de ce qui fait la culture Manouche. En trois parties, l’auteur développe, sous la forme de son initiation dans la communauté, les étapes de la construction sociale de l’individu pour qu’il devienne conforme aux valeurs Manouches. L’accès à la parole n’est pas inné, mais acquis au fur et à mesure de la croissance naturelle de l’individu dans la communauté. Ce dernier apprend les qualités de la parole, il s’exerce à « bien parler », à « tenir sa bouche », à « parler de sa hauteur ». Personne dans toute la communauté Manouche n’a le monopole de la parole, lorsqu’un individu parle, il engage sa personne, son rang, sa renommée, mais ne peut pas parler au nom des autres, sans que cela ne soit considérer comme un excès de pouvoir. La communauté règle ses relations par l’usage d’un concept endogène appelé « i era », ce qui se traduit en français, comme « le respect ». Cette notion sociale régit tous les rapports entre les différents rangs sociaux, dans les relations sexuées, dans les comportements des uns envers les autres, des groupes envers d’autres groupes, c’est une notion partagée par l’ensemble des Manouches. Les Manouches construisent un espace de vie, qui va de la sphère la plus petite celle du foyer, la caravane, vers la sphère de la place, l’ensemble de caravanes juxtaposées, intégrée dans la sphère large du Monde, l’ensemble des individus qui vivent comme eux, ceux qui leur ressemblent. Au-delà de ce territoire il n’y a rien que la société englobante ou majoritaire dont les Manouches tirent leurs subsistances en y établissant des relations économiques. Pour construire la frontière entre ce qui est leur Monde et le reste des individus, les Manouches construisent dans le discours l’altérité. Celui qui n’est pas Manouche est, comme l’a choisi l’auteur, qualifié de « yalo », le « cru ». Au terme de ce travail universitaire, l’auteur ouvre pour l’anthropologie sociale des thèmes de recherche pour la science dans les notions d’identité, de pluralité des identités, de construction de territoires, l’espace Manouche, les sphères de vie, la construction de l’échange, l’usage de la langue Manouche. Un document scientifique sanctionné par la mention très honorable. / The author describes twenty five years of life within the community known as « gypsy travellers ». He has endeavoured to show the social construction within the community. This organisation maintains cohesion among its various groups. The thesis’ title is perfectly demonstrated with a text that offers a wealth of memorable moments and accurate descriptions; at the end of this academic exercise, the 'when saying is being' paradigm is clearly defined. He remains uninvolved with this culture, the anthropologist chooses reflexivity as an analysis tool, showing an exacerbated vision of the Manouche culture. With this three-part work, the author develops, in the form of his initiation within the community, the different steps of the individual’s social construction, as he becomes true to the Manouche values. Access to speech is not innate, it is gradually acquired by the individual according to his natural growth within the community. The latter learns speech qualities, he tries hard to 'speak properly', to 'think carefully before speaking', to 'speak in accordance with his social ranking'. Nobody within the Manouche community has the monopoly of speech, and when someone talks, he engages his own rank and his reputation, but cannot speak on behalf of others. It would otherwise be considered as an excess of power. The community adjusts its own inner relationships with the help of an endogenous concept called 'i era', i.e. 'respect'. This social notion governs the relationships among various social ranks, including sexed gender relationships and behaviours between different people and groups towards other groups. This represents a notion that is shared by all Manouche. The Manouche community organizes its own living environment, from the smallest sphere (the home, the caravan) to the square sphere, i.e. the ensemble of juxtaposed caravans integrated within the world’s widest sphere - that which encompasses all the people that live and look like them. Beyond this intellectually spatial territory, there is nothing but the inclusive and majority society from which the Manouche make a living while building economic relationships. So as to establish a border between their world and the rest of human beings, the Manouche develop in otherness discourse. A non-Manouche is, as stated by the author, a 'yalo', meaning a 'raw'. At the end of this academic work, the author opens up for social anthropology a few potential scientific research topics, including identity notions, plurality of identities, building of territories, Manouche space, life spheres, setting up of exchanges, the use of Manouche language. This work was awarded first class honours.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012BOR21983 |
Date | 12 December 2012 |
Creators | Lerossignol, Bertrand |
Contributors | Bordeaux 2, Chérubini, Bernard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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