Au Japon, le terme otaku désigne toute personne ayant un intérêt prononcé pour les produits de la culture populaire, en particulier les médias de divertissement comme la bande dessinée, le dessin animé, les jeux vidéo et leurs produits dérivés (figurines, modèles, costumes, etc.). Absorbé par son loisir et censément incapable de distinguer la réalité de la fiction, l’otaku est vu comme un sujet improductif et socialement inadapté voire dangereux. Cette étude a pour objectif de cerner les composantes du stéréotype façonné par le discours de presse et de les confronter aux représentations qu’en donne le milieu otaku à partir du film Otaku no Video (1992) explicitement réalisé pour rectifier cette image. Le film est composé de deux volets dialogiquement imbriqués l’un dans l’autre : d’une part, un dessin animé relatant le parcours d’un jeune Japonais qui devient otaku, récit initiatique fondé sur le vécu personnel et professionnel de ses auteurs; d’autre part, une série de dix « portraits » d’otaku sous forme d’entrevues en prises de vues réelles mais fictives.
Le premier chapitre de l’étude explore l’origine et les formes de l’« étiquetage » (Becker, Kam) ainsi que les fondements de l’ostracisme qui frappe les otaku à cause de leur attrait pour l’« imaginaire » aux dépens du « fonctionnalisme institutionnel » (Castoriadis), ce par quoi on peut les considérer comme sujets postmodernes, producteurs et consommateurs de « simulacres » (Baudrillard, Azuma). Consacré au volet animé, le deuxième chapitre analyse les procédés narratifs utilisés pour déconstruire les représentations publiques stéréotypées et interroge les enjeux de ce contre-discours : que signifie la confrontation de deux figures masculines dont celle de l’otaku opposée à l’idéal japonais de l’homme productif et dévoué au bien commun? Le troisième chapitre cherche à éclairer le paradoxe des entrevues qui jouent avec humour sur la désinformation propagée dans la presse tout en expliquant les aspects inconnus ou moins connus de l’otakisme, phénomène aujourd’hui transnational et positivement connoté hors de son milieu d’origine.
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/33181 |
Date | January 2015 |
Creators | Brisset, Maxime |
Contributors | Grandena, Florian |
Publisher | Université d'Ottawa / University of Ottawa |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
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