L'objectif de cette recherche est d'étudier les rituels de l'exécution dans un temps et un lieu historiques précis, soit Paris au XVIIIe siècle, afin de renouveler une interprétation du spectacle de la peine que l'historiographie française a généralement cantonnée, toute période et toute région confondues, à la théorie foucaldienne du châtiment. C'est dans la perspective d'interpréter un phénomène judiciaire, politique et social fondamental de la vie parisienne du XVIIIe siècle que l'enquête a été envisagée. Deux méthodologies distinctes mais complémentaires, l'analyse quantitative d'archives judiciaires et la lecture en série de sources narratives, démontrent, surtout à partir des années 1750, l'émergence d'une nouvelle rhétorique judiciaire portée d'un côté par la croissance de l'impression des jugements du Parlement, et de l'autre par une forme de motivation des sentences dont le recours, entièrement nouveau, avait jusqu'alors été contraire au principe de l’arbitraire pénal. En ajoutant à la statistique judiciaire et à la lecture sérielle qualitative les traités de droit et quelques repères iconographiques, la deuxième partie de l'étude montre que le rituel évoluait selon chaque circonstance, qu'il était souple et s'adaptait autant à l'urbanisme qu'aux changements culturels de l'époque. Enfin, la troisième partie met en lumière le spectacle pénal dans la nouvelle culture politique du XVIIIe siècle où le Parlement, à la fois porte-parole d'une opinion publique naissante et cible des critiques contre le système judiciaire qu'il représentait, orchestra pendant toute la période le déplacement d'une représentation du pouvoir fondée sur la raison d'État, vers une conception du juste et de l'injuste consacrée dans la notion de salut public. Moment d'une prise de parole du pouvoir judiciaire diffusée dans l'espace public, et lieu extrêmement sensible où se jouaient de nouveaux rapports entre l'homme et le monde, le spectacle pénal réussit à renouveler les formalités de sa légitimité alors que, selon les philosophes et les Révolutionnaires, la procédure en avait été incapable. / The object of this thesis is to analyse early modern French rituals of execution within a precise historical time and place. It is a method which the models of interpretation put forth by French historiography, panoramic in scale, have generally neglected, without however renewing the theory presented by Foucault in 1975. For in eighteenth-century Paris, the execution was omnipresent: twice a week, on average, in the "accustomed places and crossroads of the capital", a convicted criminal was flogged by the executioner. From this perspective, the fundamental social, political and judicial phenomenon which is the execution shall be examined, utilising two complementary but distinct analytical methodologies encompassing a plethora of sources: the statistics wrought from existing judicial archives, and the study of narrative sources from the descriptions of crime and punishment recorded by five eighteenth-century Parisians. These documents reveal, particularly from the 1750s onward, the emergence of a new and developing judicial rhetoric confirmed by both the increase in the printing of parliamentary judgements and the need to justify the decisions of the court which were no longer infallible and indisputable. In addition to these documents, the second part of the investigation employs the final judgements of the various courts in the capital, as well as law treaties, other narrative sources and some iconographical examples, demonstrating that the ritual, far from being immobile and archaic, constantly evolved according to each circumstance, adjusting with ease to either urban constraints or cultural changes. Finally, the third part explains the phenomenon of the execution in light of the new political culture of the Enlightenment. During this period, the Parliament of Paris, paradoxically the representative of a burgeoning public opinion and the target of criticisms against the judiciary system it represented, orchestrated, with the penal spectacle playing the important role of intermediary, the displacement of the sentiment of the raison d'Etat toward that of the salut public / Québec Université Laval, Bibliothèque 2014
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/28589 |
Date | 25 April 2018 |
Creators | Bastien, Pascal |
Contributors | Dolan, Claire, Michembled, Robert |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 406 f., application/pdf |
Coverage | France, 18e siècle |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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