Dans son Commentaire sur le Timée, alors qu’il analyse le lemme où apparaît le syntagme intellection accompagnée de raison (noêsis meta logou) (Timée, 28a1-4), Proclus s’interroge sur la nature de la connaissance par laquelle, selon le discours de Timée, l’âme humaine peut appréhender l’Être véritable. D’après les principes dialectiques (division, définition, démonstration et analyse) qui guident son travail de philosophe et de commentateur, le diadoque de l’École d’Athènes présente six acceptions de l’intellection (noêsis), parmi lesquelles il détermine, après avoir écarté les cinq autres, la seule qui puisse convenir aux propos de Timée : i) l’intellection intelligible; ii) l’intellection qui lie l’intellect à l’intelligible; iii) l’intellection de l’intellect divin; iv) l’intellection des intellects particuliers; v) l’intellection de l’âme raisonnable; vi) l’intellection de l’imagination. Les trois premières acceptions sont d’emblée rejetées, car elles transcendent la connaissance humaine. L’intellection de l’âme raisonnable, liée au temps, est jugée inapte à saisir l’Être, par nature éternel, alors que l’intellection imaginative, dont le corrélat est une image particulière, ne saurait convenir à sa connaissance, l’Être étant universel et sans figure. Par conséquent, seule l’intellection d’un intellect dit particulier peut expliquer la connaissance que l’âme humaine peut avoir de l’Être, celle que définit l’expression noêsis meta logou. Par l’étude des principes de la philosophie de Proclus et des sources platoniciennes, aristotéliciennes et néoplatoniciennes de sa noétique, nous avons analysé chacune des acceptions de la noêsis mentionnées dans son Commentaire sur le Timée, dont l’intellection de cet intellect dit particulier, qui, en activant la puissance intellective de l’âme rationnelle, cause l’intellection humaine au sens propre. En annexes, nous avons joint deux études sur des thèmes déterminants pour l’élaboration de la doctrine proclienne : d’abord, une enquête sur les rapports entre discours épistémologique et discours théologique dans le Phèdre de Platon, qui s’intéresse à la notion d’inspiration divine en tant que fondement de la dialectique; ensuite, un exposé sur la critique de la théorie des Idées-Nombres dans la Métaphysique d’Aristote, une doctrine pythagorico-platonicienne que Proclus, à la suite de Syrianus, a voulu réhabiliter et intégrer à son système. / In his Commentary on the Timaeus, while analysing the passage containing the expression “intellection accompanied by reason (noêsis meta logou)”, Proclus launches into a discussion of the nature of the mode of knowledge by which, according to Timaeus, the human soul can reach real Being. According to the dialectical principles (division, definition, demonstration and analysis) that guide his work as a philosopher and commentator, the head of the School of Athens defines six meanings for the word noêsis, amongst which he determines, after having discarded the others, the only one that can be meant by Timaeus in his speech: i) the intelligible intellection, ii) the intellection linking the Intellect to the Intelligible, iii) the intellection of the divine Intellect, iv) the intellection of the particular intellects, v) the intellection of the rational soul, vi) the intellection of the imagination. The first three senses of ‘intellection’ are promptly set aside, as they imply an intellection that transcends human knowledge. The intellection of the rational soul, because of its temporal activity, is judged unable to grasp Being in its eternity, whereas imaginative intellection, whose object is a particular image, cannot adequately grasp the universality and shapelessness of Being. Only the intellection of a so-called particular intellect can therefore explain the human soul’s knowledge of Being, that knowledge which Proclus takes to be defined by the expression noêsis meta logou. Through a study of the relevant passages in the works of Proclus and the Platonic and Aristotelian sources of his noetics, we offer an analysis of each of the various senses of noêsis mentioned in the Commentary on the Timaeus, including that of the particular intellect, which, by activating the intellective potential of the rational soul, is the cause of human intellection. By way of annex, we have added a pair of studies addressing two key themes of the Procline doctrine of intellection. Firstly, we offer a study of the relation of epistemological and theological discourses in Plato’s Pheadrus, a dialogue which takes a particular interest in the notion of divine inspiration as the foundation of dialectic. Secondly, we offer a study of the critique of the theory of ideal numbers in Aristotle’s Metaphysics, a Pythagoro-platonic doctrine of which Proclus, following Syrianus, wished to rehabilitate and integrate into his own thought.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/25708 |
Date | 23 April 2018 |
Creators | Lortie, François |
Contributors | Hoffman, Philippe, Narbonne, Jean-Marc |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xiii, 313 pages), application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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