Véritable forme migrante qui circule d'un champ du discours à l'autre, le paysage fut tout au long du 19e siècle intensément mobilisé par les élites colombiennes à des fins de légitimation ou de subversion de certains principes de vision et de division sociales. Notre étude s'articule autour de trois « moments » discursifs qui entretiennent entre eux des rapports dynamiques d'intertextualité. Le premier, que nous avons défini comme celui du paysage impérial, s'inscrit dans la vision renouvelée de l'espace global qui émerge en Europe à la fin du 18e siècle : le paysage est alors pensé par les voyageurs impériaux, et notamment par celui qui réinventa le paysage américain, Alexandre de Humboldt, comme un dispositif panoptique de saisie intégrale de l'espace. L'analyse du second « moment » doit nous permettre de comprendre comment les élites qui s'engagent tout d'abord dans un processus de différenciation identitaire puis dans un processus d'invention de la Nation détournent à leur profit le discours du paysage et ses modes d'autorisation pour créer du commun territorial et opérer une naturalisation des frontières et des hiérarchies sociales héritées de la Colonie. Notre troisième chapitre s'intéresse à la manière dont certaines œuvres littéraires, extérieures au canon légitime, ont pensé et remis en cause le fonctionnement du régime de représentation paysager. Pour ce faire nous analysons quatre œuvres qui constituent autant de point de vue minoritaires sur la Nation en cours d'élaboration : les romans Manuela, de Eugenio Díaz, Dolores de Soledad Acosta et Ingermina de Juan-José Nieto et les poèmes des Cantos populares de mi tierra de Candelario Obeso. / The landscape, a real migrant form that moves about from one speech’s field to another, has been intensely mobilized by the colombian elites throughout the 19th century to legitimate or to undermine some social division or visual principles. Our present study is structured on three discursive « moments » that maintain between them dynamic intertextual relations. The first of them, that we have defined as the imperial landscape, fits into the renewed global space’s vision that rose in Europe at the end of the 18th century: the landscape is imagined by the imperial voyagers, specially by the one who reinvented the american landscape, Alexandre de Humboldt, as a panoptic device to seize the landscape’s wholeness. The analysis of the second « moment » lets us understand how the elites, that first got embarked in an identity differentiation process followed by a one in which the Nation was invented, embezzled the landscape’s discourse and its empowerment fonctions that serve to create the idea of a shared territory and to proceed to the boundaries’ and hierarchies’ naturalization. Our third chapter concerns the way in which a certain litterature, besides the legitimate canon, has thought about and has questionned the functioning of the landscape’s representation. In order to achieve this, we have analysed four books that represent as many minority points of view over the Nation which is under construction : the novels Manuela, by Eugenio Díaz, Dolores by Soledad Acosta and Ingermina by Juan-José Nieto and the poems of the book Cantos populares de mi tierra by Candelario Obeso.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2009PA100069 |
Date | 12 June 2009 |
Creators | Colin, Philippe |
Contributors | Paris 10, Gomez, Thomas |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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