Return to search

La criminologie et l'affaire somalienne

La guerre et son étude ont pendant longtemps été un domaine appartenant au champ des sciences politiques, car elle relevait de la sphère inter étatique. Suite aux deux grandes guerres du 20 siècle, le droit et la sociologie s'y sont intéressés et ont d'ailleurs développé des concepts ainsi que des théories afin d'aborder la guerre: que ce soit le droit international et la pénalisation de certains comportements à travers un système de justice international où que ce soit par l'étude des acteurs et des mouvements de la guerre. Or, la criminologie en tant que discipline des sciences sociales spécialisée dans l'étude du crime, la pénologie du crime et les politiques de contrôle de la criminalité ne s'est pas ou très peu aventurée dans l'étude des guerres et plus précisément dans l'étude des crimes de guerre. Cette recherche se veut un exercice pratique de l'application de théories criminologiques à un cas présentant une situation de crime de guerre. Le choix s'est arrêté sur l'affaire somalienne de 1993, une situation délicate bien connue par le public canadien de par sa vaste médiatisation. Pour cette étude, nous cherchions à évaluer et à sonder l'utilité d'une application de théories criminologiques en choisissant comme objet d'étude l'interprétation des membres des propres Forces canadiennes des évènements de l'affaire somalienne les. Compte tenu l'univers technique des militaires, ainsi que la complexité de l'affaire somalienne, cette étude ne cherchera pas à contribuer à l'étude des interprétations sociales des crimes de guerre, mais elle évaluera le processus d'application de deux théories criminologiques à cet objet d'étude. Nos choix méthodologiques ont dans leur ensemble constitué une partie de notre objet de recherche. À travers une méthode qualitative, nous avons recueilli et choisi deux témoignages de militaires de la Commission d'enquête royale et d'un des procès à la cour martiale à travers desquels s'insérait un récit des évènements. L'analyse narrative a été appliquée permettant de déceler des caractéristiques narratives quant au contenu, mais également quant à la fonction du narrateur de ces récits. Bien que l'échantillon choisi est très limité l'analyse du matériel a permit de tirer certaines tendances. L'analyse de la mobilisation des cadres normatifs pour définir le caractère déviant ainsi que celle de la gestion des problèmes sous la perspective de la profession à dans les deux cas permis d'identifier qu'il existe plusieurs interprétations des évènements et ce, malgré la culture sociale militaire et la même formation académique à caractère militaire. D'autre part, ces deux analyses indiquent que la position hiérarchique du militaire devient un facteur important non seulement lorsque vient le moment de définir le crime de guerre, mais également quant à la gestion du problème suite à ces évènements. Ainsi, bien que les militaires partagent des caractéristiques sociales, professionnelles et culturelles communes, ce sera plutôt l'appartenance au groupe militaire et plus encore la position hiérarchique occupée au sein de l'institution qui influencent l'interprétation des militaires par rapport à des situations telles que les crimes de guerre. Au delà de ces résultats, cette étude vise plutôt à contribuer au débat quant à l'absence des études sur les crimes de guerre en criminologie.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/27690
Date January 2008
CreatorsGutierrez Isaza, Sofia
PublisherUniversity of Ottawa (Canada)
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Format113 p.

Page generated in 0.0016 seconds