Return to search

Description des assemblages de poissons démersaux et benthiques de la baie de Baffin et du détroit de Davis, Arctique canadien de l'est

Les Inuit occupent les terres les plus septentrionales de la planète et ce, depuis des millénaires. Ils ont su maîtriser cet environnement hostile et utilisent leurs savoir pour puiser les ressources du territoire. Depuis quelques décennies, la culture occidentale s'est intégrée à leur mode de vie traditionnel. Aujourd'hui, pour contrer le prix élevé des aliments en provenance des marchés occidentaux et l'insécurité alimentaire, les Inuit canadiens puisent près du tiers de leur alimentation de la mer. Avec le réchauffement climatique et la fonte de la banquise, les espèces de poissons des régions boréales et subarctiques pourraient étendre leur répartition dans les mers arctiques et en particulier, les espèces fourrage, soit les petits poissons qui servent de nourriture aux plus grandes espèces de poissons exploitées par les Inuit ainsi que les oiseaux et mammifères marins. En baie d'Hudson, mer de Baffin et mer de Beaufort, de nouvelles espèces tendent à s'ajouter aux assemblages de poissons de l'Arctique, qui était généralement dominé par la morue arctique (*Boreogadus saida*). L'objectif principal de l'étude vise à décrire la composition et l'abondance relative des espèces de poissons démersaux et benthiques, ainsi que leur distribution dans l'Arctique canadien. Au total, 23 sites répartis dans le détroit de Davis et trois sous-régions de la baie de Baffin sont ciblés par l'étude. À l'aide d'une analyse multidimensionnelle et de groupement, j'ai déterminé l'abondance relative et la composition spécifique de deux principales communautés estivales et automnales de poissons démersaux et benthiques adultes durant quatre années dans l'aire d'étude. L'analyse d'espèces indicatrices nous a aidé à identifier des espèces associées à des conditions environnementales différentes. La morue arctique, espèce indicatrice du nord de la baie de Baffin, occupe des eaux relativement plus froides contrairement aux faux-trigle à grands yeux (*Triglops nybelini*) et à la plie canadienne (*Hippoglossoides platessoides*) dont la présence est plus soutenue dans la partie sud. L'analyse de redondance a identifié la température et la profondeur comme principales variables environnementales structurant ces deux assemblages alors que l'influence du nombre de semaines libres de glace depuis la débâcle a été identifié comme principale variable structurant deux sous-assemblages appartenant à la communauté de la partie nord de la baie. Dans l'Est, l'advection d'eau d'origine atlantique via le courant de l'ouest du Groenland amène de la chaleur qui contraste avec l'incursion d'eau plus froide d'origine arctique dans l'Ouest. La contribution relative de ces deux courants à un endroit et une profondeur donnée pourrait expliquer la présence ou l'absence des différentes espèces indicatrices, tandis que l'interaction entre la température de l'air et le régime des glaces pourrait jouer un rôle dans la persistance temporelle des sousassemblages dans le nord de la baie. Des changements d'abondances ou l'intrusion de nouvelles espèces ont déjà été observés dans d'autres écosystèmes marins polaires. Avant le présent travail, très peu d'études avaient examiné les assemblages de poissons dans cette région. Ce travail constitue donc la première analyse exhaustive de la variation des abondances relatives de différentes espèces au sein des ensembles de poissons, avec un niveau de détail suffisant pour aborder l'enjeu que pose le réchauffement climatique pour la disponibilité des ressources halieutiques pour les populations nordiques. / Inuit have occupied the northernmost lands of Earth for millennia. They have been able to master this hostile environment and use their knowledge to draw from the territory's resources. In recent decades, Western culture has been integrated into their traditional way of life. Today, to counter the high price of food from Western markets and food insecurity, Canadian Inuit draw nearly a third of their food from the sea. With global warming and the melting of the sea ice, species of fish from boreal and subarctic regions could expand their distributions to Arctic seas and, in particular, the small forage species that serve as food for the larger fish species exploited by the Inuit as well as seabirds and marine mammals. In Hudson Bay, Baffin Bay and the Beaufort Sea, new species have been added to assemblages, which have been typically dominated by the Arctic cod (*Boreogadus saida*). The main objective is to describe the composition and relative abundance of demersal and benthic fish species, as well as their distribution in the Canadian Arctic. In this study, a total of 23 sites spread across David Strait and three sub-regions of Baffin Bay were targeted. Multidimensional and grouping analysis made it possible to determine the relative abundance and specific composition of the two main summer and autumn communities of adult demersal and benthic fish over four years in the study area. The analysis of indicator species helped us identify different species linked to different environmental conditions. Arctic cod, an indicator species from the north of the Baffin Bay, occupied relatively cold waters, unlike the big-eyed sculpin (*Triglops nybelini*) and the American plaice (*Hippoglossoides platessoides*), which were more common in the southern part. The redundancy analysis identified temperature and depth as the main environmental drivers of assemblage structure while the influence of the number of ice-free weeks since breakup was identified as the main factor structuring sub-assemblages in the northern part of the bay. In the West, the advection of water of Atlantic origin via the West Greenland Current brings relatively warm waters current that reduces the incursion of colder water of Arctic origin in the west. The relative dominance of each current at a given location and depth could explain the presence or absence of different indicator species, while the feedback between air temperatures and the ice regime could play a role in the persistence of different sub-assemblages over time in the northern part. Changes in abundance or the intrusion of new species have already been observed in other polar marine ecosystems. Since very few prior studies examined fish assemblages in this region, the present work constitutes the first comprehensive analysis of the variability in the abundances of different species, with a level of detail and that will help to characterize one of the many potential issues that accelerated global warming brings to northern populations.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/143086
Date10 June 2024
CreatorsAwashish Soucy, Yoan
ContributorsMoore, Jean-Sébastien, Geoffroy, Maxime
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeCOAR1_1::Texte::Thèse::Mémoire de maîtrise
Format1 ressource en ligne (xii, 70 pages), application/pdf
CoverageBaffin, Baie de., Davis, Détroit de.
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

Page generated in 0.0028 seconds