Durant les quarante dernières années, le Chili a été le scénario de profonds changements, notamment dans le domaine de l'éducation : une révolution néolibérale s'y est opérée. Depuis le régime dictatorial (1973-1990), un marché éducatif se développe en effet à tous les niveaux d'enseignement. Après le retour à la démocratie en 1990, deux décennies de gouvernements présidés par une coalition de centre-gauche finissent de consolider ce marché éducatif, en renforçant l'engagement actif de l'État. Ce dernier introduit dans le modèle de multiples ajustements qui encadrent le développement d'un système d'enseignement dont la morphologie est définitivement hybride. Dans ce contexte, l'éducation va s'imposer progressivement comme un enjeu public majeur au point que, en 2011, la crise sociale deviendra incontournable. La remise en question de l'architecture éducative dévoile les fissures d'une société où prédominent les régulations néolibérales. Elle engage une phase de révisions, de discussions et de propositions axées sur une autre manière de penser l'éducation. Cette thèse retrace le parcours des politiques éducatives mises en place depuis l'irruption dictatoriale jusqu'en 2010, date qui marque la fin de vingt années de récupération démocratique sous la direction du même conglomérat, la Concertación. Notre objectif est de comprendre l'évolution de cette thématique en étudiant l'interface entre l'administration institutionnelle, les partis politiques et la société civile. Cette vue d'ensemble nous permettra de saisir les enjeux des décisions politiques et de comprendre les tenants et les aboutissants des querelles éducatives. La perspective analytique est celle d'une reconstruction socio-historique de la politique éducative, articulée à partir de la triangulation de l'analyse de textes historiques, d'entretiens avec acteurs (politiques ou administratifs) et d'étude de textes législatifs. Cette démarche nous permettra de comprendre comment l'éducation s'impose comme la pierre angulaire d'un processus de modernisation du Chili qui se traduit par des avancées significatives et indéniables en termes de développement, notamment en ce qui concerne l'élargissement de l'accès à tous les niveaux d'enseignement. L'État s'investit certes de plus en plus dans le domaine de l'éducation, mais dans une perspective d'arbitrage et de surveillance du fonctionnement du marché, renforçant et complexifiant par là même la structure néolibérale. Ainsi, un nouvel ordre éducatif finit par prendre forme, dans lequel l'éducation est définie comme un bien individuel dans un contexte de concurrence générale et de culture de l'évaluation. Pourtant ce modèle va se heurter aux demandes croissantes de démocratisation de l'enseignement d'une société qui, d'une part, dénonce la ségrégation scolaire mais, d'une autre, utilise des stratégies de positionnement personnel dont les choix légitiment et renforcent la privatisation éducative. / In the last four decades, Chile's education system has experienced a deep transformation, a neoliberal revolution. Since the dictatorship (1973-1990), an education market developed in the different levels of education. After the restoration of democracy in 1990 and during the following two decades government, led by a centre-left coalition, the education market was consolidated with an active engagement of the State. This period introduced multiple adjustments to the model, which ultimately developed an education system of hybrid morphology. Education stood out progressively as a major public issue and, in 2011, a social crisis became unavoidable. The questioning of the educational architecture reveals the fissures of the Chilean society concerning the predominance of neoliberal regulations. This event motivated a phase of revision, discussion, and proposition around another form of thinking education. This thesis traces the course of the educational policies implemented since the dictatorial irruption until 2010 when 20 years of democratic recovery under the direction of the same conglomerate, the Concertación, ends. The objective of this study is to understand the evolution of this issue, in the interface between the institutional administration, political parties, and civil society. This overview will allow us to grasp the maze of policy making and to understand how the educational disagreements arise. This analytical perspective consists in a socio-historical reconstruction of the educational policy, which triangulates the analysis of historical texts, legislative texts, and interviews with both political and administrative actors. This analytical lens will enable us to understand how education is the cornerstone of the modernization process in Chile. This is characterized by significant and undeniable advances in development, especially those concerning the educational expansion at all levels. The State is increasingly involved in education, from a role of arbitrator and supervisor of the market functioning, reinforcing and increasing the complexity of the neoliberal structure. Thus, a new order emerges, in which the education becomes a private good under the protection of a generalized competition and a culture of evaluation. This model clashes with society's increasing demands for democratization of education. The education system deploys strategies of individual positioning that legitimize and reinforce the privatization of education, while society denounces the systemic school segregation while, on the other side. / Durante las cuatro últimas décadas, Chile ha sido escenario de profundos cambios en su sistema educativo: una revolución neoliberal. Desde el régimen dictatorial (1973-1990), un mercado educativo se desarrolló en los distintos niveles de educación. Luego del retorno de la democracia en 1990, y en el curso de dos decenios de gobiernos dirigidos por una coalición de centro-izquierda, el mercado educativo terminó por consolidarse con el compromiso activo del Estado. Este último, introdujo múltiples ajustes al modelo, que finalmente termina por desarrollar un sistema educativo de morfología híbrida. Luego de ese periodo, y de manera progresiva, la educación va a imponerse como un tema público, y en 2011 la crisis social va a ser ineludible. El cuestionamiento a la arquitectura educativa va a develar las fisuras de la sociedad chilena en cuanto a la preponderancia de las regulaciones neoliberales, dando paso a una fase de revisión, discusión y proposición alrededor de una nueva forma de pensar la educación. Esta tesis describe el recorrido de las políticas educativas adoptadas desde la irrupción dictatorial hasta el año 2010, momento en que terminan 20 años de recuperación democrática bajo la dirección de la coalición Concertación de Partidos por la Democracia. El objetivo de este trabajo es entender la evolución de este proceso, en la interfaz entre la administración institucional, los partidos políticos y la sociedad civil. La visión de conjunto nos permitirá discernir el entramado de las decisiones políticas y entender cómo se construyen las controversias educativas. La perspectiva analítica es una reconstrucción socio-histórica de la política educativa, que triangula el análisis de textos históricos, textos legislativos y entrevista a actores (políticos o administrativos). Este enfoque nos permitirá comprender cómo la educación devino el pilar fundamental del proceso de modernización en Chile, en el que se observan avances significativos e innegables de desarrollo, particularmente en relación a la expansión educativa en todos los niveles. El Estado se involucra cada vez más en la educación, con un rol de árbitro y supervisor del funcionamiento del mercado, reforzando y complejizando la estructura neoliberal. De esta forma, un nuevo orden educativo termina de plasmarse, en el que la educación deviene un bien individual bajo la égida de la competencia generalizada y la cultura de la evaluación. Este modelo termina por chocar con las demandas crecientes de democratización por parte de la población, que denuncia la segregación escolar del sistema, pero que paralelamente actúa con estrategias de posicionamiento individual que legitiman y refuerzan la privatización educativa.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017USPCB203 |
Date | 17 November 2017 |
Creators | Slachevsky Aguilera, Nathalie |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Martuccelli, Danilo |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | Unknown |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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