La consommation excessive d'alcool présente des risques élevés pour l'individu et pour la société ; elle est fréquemment associée à une augmentation du risque d'accidents, d'actes de violence, et peut également conduire à court et/ou à long terme à de graves maladies et à des problèmes sociaux. Dès lors, l'utilisation de marqueurs fiables permettant de détecter une consommation excessive d'alcool, ponctuelle ou chronique, s'avère nécessaire pour prévenir des conséquences néfastes de l'abus d'alcool. L'éthylglucuronide (EtG) est un marqueur d'alcoolisation utilisé en toxicologie clinique (alcoologie) et médicolégale. Par rapport aux marqueurs indirects d'alcoolisation (CDT, γ-GT), ce métabolite mineur de l'éthanol est très spécifique et est quantifiable dans diverses matrices biologiques. La production d'EtG est catalysée par des enzymes de la famille des UDP-glucuronosyl-transférases (UGT). Cependant, les UGT impliquées dans la glucuronoconjugaison de l'éthanol, ainsi que les sources potentielles de variabilité interindividuelle de la production d'EtG, sont encore mal connues. Nos travaux ont ainsi consisté à (1) développer et valider une méthode de dosage de l'EtG dans différentes matrices biologiques par chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse en tandem, (2) identifier les UGT humaines impliquées dans la glucuronoconjugaison de l'éthanol et étudier la contribution relative de chaque isoforme active au niveau hépatique, (3) étudier l'impact de substances fréquemment utilisées par les consommateurs d'alcool sur la production d'EtG in vitro, (4) étudier l'impact de polymorphismes génétiques fonctionnels des UGT sur la production hépatique d'EtG, et enfin (5) évaluer l'impact de la consommation de cannabis et d'autres drogues sur la production d'EtG à l'aide de prélèvements post-mortem. Ces travaux ont notamment permis de montrer que (1) l'éthanol est glucuronoconjugué principalement par le foie, puis dans une moindre mesure par les reins et par l'intestin, (2) les UGT1A9 et 2B7 sont les deux enzymes majoritairement impliquées dans la glucuronoconjugaison de l'éthanol, quel que soit l'organe considéré, (3) la morphine, la codéine, la nicotine et la cotinine n'entraînent aucune modification des taux de production d'EtG in vitro ; le lorazépam et l'oxazépam augmentent légèrement cette production (p = 0,2 et 0,065, respectivement) ; le cannabidiol inhibe la glucuronoconjugaison de l'éthanol par un mécanisme non-compétitif (CI50 = 1,17 mg/L; Ki = 3,1 mg/L), alors que le cannabinol augmente cette glucuroconjugaison de manière concentration-dépendante (p <0,05), (4) les SNP c.-900G>A affectant l'UGT2B7 et IVS1+399T>C affectant l'UGT1A9 augmentent légèrement la production d'EtG in vitro. Enfin (5) le rapport des concentrations sanguines EtG/éthanol apparaît significativement plus élevé chez des co-consommateurs de cannabis et/ou d'autres drogues que chez des consommateurs d'alcool seul. L'ensemble de ces résultats démontre l'existence de plusieurs facteurs pouvant potentiellement influencer la production d'EtG et devraient donc être pris en considération lors de l'interprétation de sa concentration in vivo.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00992193 |
Date | 03 July 2013 |
Creators | Al Saabi, Alaa |
Publisher | Université du Droit et de la Santé - Lille II |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | English |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
Page generated in 0.0026 seconds