Les romans historiques de Gore Vidal sont un choix idéal pour traiter du rapport de l’histoire et de la fiction. La vision de l’auteur s’inscrit dans la pensée postmoderne qui trouve dans l’histoire le terrain favorable pour mettre en cause les métarécits qui fondent le savoir moderne. C’est une vision foncièrement paradoxale : elle exprime un intérêt sans précédent pour l’histoire tout en cherchant à mettre en cause de la vérité historique. L’écriture de Vidal invite donc à interroger l’existence d’une frontière solide entre roman et histoire, à déceler les lignes de partage et les points de convergences entre les deux types de récits, et à mesurer leur impact sur la réception et la représentation du réel. S’invite également la question de la subjectivité en histoire : elle résulte de l’engagement politique, de l’influence de l’expérience personnelle qui se traduit par l’intérêt accordé à l’actualité, du recours à l’empathie et des enjeux politiques de la mémoire. D’autre part, la conception tragique et radicale de l’histoire chez Vidal s’oppose à l’idée du progrès et de l’« exceptionnalisme » qui dominent l’histoire officielle américaine ; elle recourt à la métaphore rhétorique ; elle valorise le rôle de l’individu et de l’accidentel en histoire. La vision de Vidal mène aussi à explorer le concept d’empire tout en étant sans doute responsable de la dérive doctrinaire de ses romans, et à évoquer les différentes interprétations historiques, progressistes, libérales et républicaines, qui caractérisent l’histoire des États-Unis dans leur rapport avec le capitalisme et l’impérialisme. / Gore Vidal’s historical novels are well suited for a discussion of the relationship between history and fiction. Vidal’s perspective draws from a current of postmodern thought which accepts history as legitimate grounds for casting doubt upon the metanarratives upon which modern knowledge is based. In assuming this perspective, Vidal accepts its paradoxical premises: showing an unprecedented interest in history while questioning historical truth. Vidal’s writing invites readers to doubt the existence of a strong border between literary and historical narratives to identify the ways in which these narratives mutually engage in literary borrowing and differentiation, and then to assess their impact on the reception and representation of reality. The question of subjectivity in history resulting from political commitment will also be considered, along with the impact of personal experience, reflected in the interest in current affairs, empathy and the political issues of memory. Vidal’s simultaneously tragic and radical narrative contests the ideas of progress and « American exceptionalism » which dominate official history, by focusing instead on rhetorical metaphor, and on the role of individuals and accidents in history. This narrative encourages an exploration of the concept of empire in light of a certain drift in the doctrinal approach mobilized in Vidal’s novels. This study gives rise to the discussion relating to the different historical interpretations which connect American history to capitalism and imperialism.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA030091 |
Date | 03 October 2014 |
Creators | Oumansour, Brahim |
Contributors | Paris 3, Cohen, James |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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