Par les sentiments qu’elle a suscités, les discours ou les images qu’elle a générés, la baïonnette offre à l’historien une entrée intéressante pour étudier les imaginaires à l’épreuve de la Première Guerre mondiale. Elle permet de s’interroger, par-delà la diversité des supports, sur les modèles dominants et leur remise en cause, avant et pendant la guerre. Pourquoi l’assaut et le combat « à la baïonnette », topoi de la représentation du combat avant 1914, tiennent une place prépondérante dans le discours de guerre qui se met en place dès les premières semaines ? Ancré dans des pratiques bien établies avant 1914, favorisé par le contexte spécifique des entrées en guerre, l’engouement pour la baïonnette se heurte cependant à la violence des affrontements qui ne lui laisse qu’une place très marginale. Les autorités militaires et les principaux producteurs de biens culturels se détournent au fil des mois des ressorts héroïques du début de la guerre pour amorcer, selon une chronologie propre à chaque acteur, un tournant discursif vers davantage de sobriété et de réalisme. La baïonnette témoigne donc de l’évolution du discours dominant. Cette arme invite également à travailler sur la réception par les contemporains de cet imaginaire, avant et pendant la guerre. Si la plupart des mobilisés étaient imprégnés de représentations conventionnelles du combat avant 1914, la réalité des assauts se révèle nettement plus éprouvante. Le positionnement des combattants face à cet imaginaire est complexe, oscillant entre colère, résignation et appropriation plus ou moins consciente, plus ou moins affichée, d’une représentation de la guerre erronée, certes, mais incontestablement puissante. / Through the feelings it aroused, the speeches or pictures it created, the fixed bayonet gives an opportunity for the historian to study the ideals underpinning the Great War. Media portrayals of the bayonet as a field weapon changed during the war. The effectiveness of the bayonet as a weapon of war challenged prevailing official attitudes both before and during it. In the early stages of the conflict, it was a cliché and yet true, that battles using fixed bayonets played a prominent role in war speeches. As a typical cliché of warfare before 1914, it was rooted as a well-established practice. However, the fixed bayonet model did not match the requirements of the more violent clashes of the new conflict. As time progressed, military officials and all branches of the media started turning their back on what was considered as heroism at the beginning of WWI. Over a period of time the different media started delivering information that was more sober and realistic. The way fixed bayonets were portrayed reflects the evolution in mainstream official speeches. A focus on the weapon also provides an opportunity to take into account how contemporaries dealt with the varying representations before and during the war. Whilst most soldiers were influenced by common preconceptions about fighting at the front pre-1914, the down-to-earth reality proved much more demanding. Soldiers’ reactions towards official war representations were complex, ranging from anger to resignation. With assumptions that were more or less conscious, more or less expressed, soldiers began to consider the realities of war and consequently saw the representations as being false and yet undeniably powerful.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014TOU20005 |
Date | 08 February 2014 |
Creators | Marty, Cédric |
Contributors | Toulouse 2, Cazals, Rémy |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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