Dans le secteur des crèches et de l’accueil de la petite enfance, la dimension identitaire au travail pèse sur les relations et sur le vécu des professionnelles. Cette thèse est centrée sur le groupe professionnel des éducatrices de jeunes enfants (EJE) dont les mutations récentes sont analyseurs de changements profonds du secteur qui abandonne progressivement la logique historique sanitaire pour une approche psychopédagogique. Ce travail propose une lecture critique des théories sociologiques de l’« identité professionnelle » et de la professionnalisation au prisme des études de genre et de la psychanalyse, et il rend compte des résultats d’une recherche empirique menée selon une approche clinique d’orientation psychanalytique. L’identité est ici conçue comme un discours performatif, selon les repères donnés par les théories queer. L’investigation empirique repose sur des entretiens avec des professionnelles et sur des observations de longue durée de crèches municipales et parentale. Le recrutement toujours massivement « féminin » des éducatrices, ainsi que les formes de souffrance au travail que cette thèse expose de manière inédite, témoignent des limites de la logique de l’« identité professionnelle », celle-ci produisant des divisions et des systèmes d’opposition catégorielle - le « professionnel », opposé au « maternel », au « féminin », à la « parentalité » et à l’« enfance » -, qui acculent les éducatrices dans des impasses et provoquent des rigidités relationnelles. L’imprégnation des éducatrices par les savoirs psychopédagogiques renforce le couple d’opposition mère-professionnelle du fait de l’importance donnée à la relation mère-enfant, toujours naturalisée, et cela malgré la prégnance des discours sur la parentalité. / In the sector of nurseries and day care centers, the identity dimension at work weighs on relationships and professional activities. This thesis is centered on the professional group of early childhood educators: the recent changes in this profession are analyzers for the profound changes in this activity area which gradually abandons the historic health approach for a psychological and pedagogical approach. This work offers a critical reading of sociological theories of "professional identity" and professionalization through the prism of gender studies and psychoanalysis. It also reports the results of an empirical research conducted through a psychoanalytically orientated clinical approach. Identity is here conceived as a performative speech, according to the landmarks given by the queer theories. The empirical investigation is based on interviews with professional and on long-term observations of municipal and parental day care centers. The still overwhelmingly 'female' recruitment of the educators, as well as forms of suffering at work that this thesis presents in a new way, reflect the logical limits of "professional identity", the latter producing divisions and systems of categorical oppositions - the "professional" opposed to the "mother", the "female", "parenting” and to “chilhood” - that drive educators into dead ends and cause relational rigidities. The impregnation of educators by psychological knowledge strengthens the mother-professional binary opposition because of the importance given to the still naturalized mother-child relationship, despite the significance of discourse on parenthood.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA080133 |
Date | 10 December 2016 |
Creators | Hilbold, Mej |
Contributors | Paris 8, Gavarini, Laurence |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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