Introduction : De nouvelles technologies de suppléance auditive sont disponibles pour aider les personnes ayant une surdité sévère à profonde en hautes fréquences, dont les prothèses auditives avec abaissement fréquentiel (compression ou transposition fréquentielle) et l’implant cochléaire, en version standard ou électroacoustique. Aucune étude n’a encore été réalisée afin de comparer directement l’efficacité de ces trois alternatives pour améliorer la reconnaissance de la parole chez cette clientèle. De plus, les bénéfices apportés par ces technologies dans le contexte réel de la vie quotidienne demeurent à ce jour peu explorés. Objectifs : Cette thèse visait à comparer l’efficacité de la prothèse auditive conventionnelle, de la prothèse auditive avec transposition fréquentielle et de la prothèse auditive avec compression fréquentielle avec celle de l’implant cochléaire électroacoustique pour améliorer les capacités de reconnaissance de la parole chez des adultes présentant une surdité sévère à profonde en hautes fréquences. L’objectif complémentaire était d’explorer les bénéfices apportés par ces technologies du point de vue des participants. Méthodologie : Une étude suivant un devis mixte séquentiel explicatif a été mise en place. Dix adultes avec surdité sévère à profonde en hautes fréquences ont participé à une étude expérimentale à cas unique. Les sujets ont fait l’essai des deux technologies de prothèses auditives (compression et transposition fréquentielle) successivement pendant 8 semaines chacune, suivant un devis ABAC où les prothèses auditives conventionnelles du participant constituaient la référence de base. À la fin de ces essais, un participant a obtenu un implant cochléaire électroacoustique. La durée totale du suivi s’étendait ainsi sur 16 à 32 semaines. Des mesures de performance ont été réalisées à chaque semaine pendant toute la durée du suivi. La reconnaissance de la parole a été évaluée avec le test de monosyllabes de Benfante ainsi que la version en français canadien du Hearing in Noise Test, dans le silence et dans trois conditions de bruit. Les versions françaises des questionnaires GHABP et APHAB ont également été utilisées pour mesurer les bénéfices obtenus avec chaque technologie. Des données complémentaires sur l’efficacité de l’implant cochléaire électroacoustique ont aussi été extraites des dossiers cliniques de patients ayant reçu cette technologie. Par la suite, des entrevues semi-dirigées individuelles ont été complétées pour documenter l’expérience des participants, de leur propre point de vue, avec chacune des technologies évaluées. Les données issues de ces entrevues ont été analysées selon les principes de l’analyse qualitative de contenu. Résultats : L’utilisation des prothèses auditives avec abaissement fréquentiel a apporté une amélioration statistiquement significative de la reconnaissance de la parole chez cinq participants, en comparaison avec les prothèses auditives conventionnelles ; les autres participants n’ont obtenu aucun gain ou une dégradation de leurs performances avec ces technologies. La majorité des participants a toutefois rapporté une meilleure perception de la parole dans plusieurs situations d’écoute et de communication de la vie de tous les jours ainsi qu’une meilleure perception des sons de hautes fréquences avec les prothèses avec abaissement fréquentiel, dans le calme comme dans le bruit. Certains participants ont mentionné avoir ressenti une diminution de l’effort d’écoute nécessaire pour pouvoir écouter et suivre une conversation, résultant en un niveau de fatigue réduit, une amélioration de l’estime de soi ainsi qu’une plus grande participation sociale. La majorité des participants a préféré l’une ou l’autre des technologies d’abaissement fréquentiel en comparaison avec la prothèse auditive conventionnelle. Néanmoins, le participant ayant reçu un implant cochléaire électroacoustique a obtenu les plus grandes améliorations de la reconnaissance de la parole et rapporté les plus grands bénéfices avec cette technologie, en comparaison avec les différentes prothèses auditives évaluées ; les données extraites des dossiers d’autres patients ayant reçu un implant électroacoustique ont permis d’établir que les performances de ce participant étaient comparables à celles des autres patients présentant un profil audiométrique similaire. Conclusion : L’implant électroacoustique apparaît être l’alternative la plus performante pour améliorer la reconnaissance de la parole chez les personnes avec surdité sévère à profonde en hautes fréquences et pour leur fournir un bénéfice plus important dans leur vie quotidienne. C’est toutefois l’alternative la plus invasive, risquée et coûteuse. Considérant que les bénéfices que certains patients tirent des prothèses auditives avec abaissement fréquentiel sont significatifs selon leur propre perspective, l’essai de ces technologies devrait être envisagé avant une implantation cochléaire. / Introduction: Different technological alternatives have been developed to meet the needs of persons living with a severe-to-profound high-frequency hearing loss, such as frequency-lowering hearing aids, including frequency-compression and frequency-transposition hearing aids, or electric acoustic stimulation cochlear implants. To date, no study was conducted to explore which of these alternatives is the most effective to improve speech perception for this population. Also, the benefits provided by those technologies in real-life remain unexplored. Objectives: The objective of this thesis was to compare the effectiveness of frequency-transposition, frequency-compression hearing aids and the electric acoustic stimulation cochlear implant to improve speech recognition in participants with a sensorineural severe-to-profound high-frequency hearing loss. A complementary objective was to explore the benefits provided by those technologies from the perspective of the users. Methods: A mixed methods research project was conducted, following a sequential explanatory design. Ten adults with a severe-to-profound high-frequency hearing loss were recruited. They were all tested with frequency-compression and frequency-transposition hearing aids following an ABAC single-subject design; four-week baselines were completed with their own hearing aids, followed by eight-week trials with each device. One participant also received an electric acoustic stimulation implant after hearing aid trials. Follow-up time ranged from 16 to 32 weeks. Speech recognition was measured each week using sentence and monosyllable tests, in quiet and in noise. The subjective benefit with each technology was assessed with standardized questionnaires. Complementary data on the electric acoustic stimulation implant effectiveness were extracted from our database of electric acoustic stimulation users. At the end of trials, individual semi-structured interviews were conducted. Participants were questioned about changes, advantages or disadvantages experienced with each assessed technology, and their preference for one technology over the others. Data were analyzed following the principles of qualitative content analysis. Results: Frequency-lowering hearing aids improved speech recognition in five participants when compared to conventional hearing aids. Others experienced either no gain or some degradation in speech recognition when using a frequency-lowering algorithm. Participants subjectively perceived better speech understanding in a variety of quiet and noisy listening situations, plus improved high-frequency sound detection with both frequency-lowering hearing aids. Some participants also mentioned lower levels of listening effort and fatigue and an improvement in self-confidence, which led to an increased social participation. Most participants preferred frequency compression or frequency transposition to their own hearing aids. Still, the participant who received an electric acoustic stimulation implant obtained the greatest improvement in speech recognition and reported a better benefit with this technology, in comparison with all assessed hearing aid devices. Data collected from our database of electric acoustic stimulation patients validated that the electric acoustic stimulation participant was representative of our electric acoustic stimulation users’ population. Conclusion: The electric acoustic stimulation implant appears as the first indication for treating people with a severe-to-profound high-frequency hearing loss. Moreover, from the participants’ perspective, the three assessed technologies can deliver greater benefits than conventional amplification for people with a severe-to-profound high-frequency hearing loss, but the electric acoustic stimulation implant appears as potentially more beneficial than both hearing aids. However, it is also the costliest and most invasive alternative. Thus, and considering the significant benefit some participants obtained with frequency-lowering hearing aids, trials using these technologies should be considered on an individual basis prior to cochlear implantation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/27905 |
Date | 24 April 2018 |
Creators | Hotton, Mathieu |
Contributors | Bergeron, François |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xviii, 200 pages), application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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