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Les industries manufacturières du Québec, 1900-1959 : essai de normalisation des données statistiques en dix-sept groupes industriels et étude sommaire de la croissance de ces groupes

La structure industrielle du Québec a suscité, depuis quelques années, maints commentaires, interprétations et critiques, à la fois d'économistes, d'historiens, d'hommes politiques et de planificateurs gouvernementaux. De la plupart de ces analyses ressortent diverses stratégies industrielles, plus ou moins clairement définies, qui tenteraient, soit d'élaborer une structure idéale vers laquelle devraient tendre les interventions sur la structure actuelle, soit de corriger les déséquilibres inhérents à cette structure, à la lumière d'objectifs socio-économiques prioritaires. Il est clair que de telles stratégies mettent en jeu les principes mêmes de la libre entreprise et de l'intervention de l'état dans l'économie. Même si l'immixtion des gouvernements dans le développement industriel ne soulève plus d'oppositions farouches, elle pose néanmoins le problème de son niveau, de son ampleur et de son orientation. Nous n'allons certes pas intervenir directement dans ces débats, mais plutôt tenter de les alimenter, en éclairant l'apparition et l'évolution de ces structures depuis le tournant du siècle jusqu'en 1959, à l'aube de la "révolution tranquille". Il peut paraître téméraire, de la part d'un historien d'aborder des problèmes de structures et de croissance, néanmoins l'absence relative d'analyses de ces problèmes, portant globalement sur les soixante premières années du XXième siècle justifie d'en relever le défi. Plusieurs historiens et économistes les ont certes abordés, mais, trop souvent, sans méthodologie appropriée et sans un souci évident du long terme. C'est pourquoi, nous avons adopté l'approche de l'historien économiste, qui 2 vise à intégrer l'apport méthodologique de l'Economique et le souci propre à l'historien d'interpréter le passé dans une perspective, à la fois globale sur une longue période et individualisée sur une courte période ou sur un aspect particulier du phénomène à un moment donné. Ainsi, alors que l'économiste garde à l'esprit les implications actuelles et futures de son analyse et oriente sa démarche à la lumière de cette préoccupation, l'historien se préoccupe beaucoup plus d'étudier chaque phénomène en lui-même, dans son contexte spatio-temporel. Ces deux tendances peuvent se concilier et même se fondre en une démarche cohérente. C'est dans cette perspective que nous étudierons la croissance et les caractéristiques structurelles des industries manufacturières québécoises. L'approche de l'historien économiste implique donc, concrètement, la collecte et la classification des données statistiques selon des critères uniformes pour une longue période, c'est-à-dire de 1900 à 1959. Nul doute que les nombreuses transformations des données et les estimations, qui se sont révélées nécessaires, peuvent susciter la critique, cependant l'objectif que nous assignons à ce travail peut justifier bien des accrocs à un raffinement statistique que nous souhaiterions plus élaboré. Sur ce plan, les travaux théoriques des économistes sur les industries manufacturières et les méthodes d'analyse qui y sont développées, éclairent la valeur et la portée des données des recensements industriels et fournissent d'excellents outils d'analyse, qu'on peut utiliser avec un certain succès, pour mieux apprécier les performances industrielles québécoises. Ainsi les estimations de W.F. Ryan et de G.W. Bertram (1900- 1910) et les travaux d'André Raynauld, sur la période de 1935 à 1955, décrivent certains éléments méthodologiques, qu'il est possible d'adapter à l'objet de ce travail. De là vient l'essentiel des méthodes de classification des données et de calcul des taux de croissance, utilisées dans nos estimations. Ces méthodes seront longuement décrites et discutées en un premier chapitre. Le développement et la croissance des industries manufacturières canadiennes et québécoises a soulevé diverses interprétations et hypothèses, souvent partielles ou partiales, se fondant sur un certain nombre de prérequis théoriques. Nous allons nous attarder brièvement, en un deuxième chapitre, sur ces théories et leurs implications sur les industries manufacturières québécoises. Il s'agit là, d'indiquer en quels termes se pose le problème de l'interprétation du développement et de la croissance industrielle au Québec. L'ensemble des résultats, dérivés de l'application de la méthodologie adoptée et rassemblés en appendices, de même que les données comparables déjà disponibles, permettront, en un troisième chapitre, d'élaborer des interprétations de la croissance et des structures des industries manufacturières québécoises. Nous n'avons certes pas la prétention d'en étudier tous les aspects, mais plutôt d'évaluer le comportement des groupes industriels québécois, par l'intermédiaire de la valeur de la production. Après avoir ainsi décrit les relations entre les groupes d'industries, nous nous attacherons plus particulièrement à préciser et analyser l'évolution interne de ces divers groupes, selon des critères bien définis: le taux moyen annuel de croissance et l'importance relative de la valeur de la production par rapport aux totaux québécois et canadiens. Ces études en apparence disparates permettront de faire ressortir plus précisément certains facteurs spécifiques, qui influencent le développement de chacun de ces groupes et de dégager des communs dénominateurs qui concrétiseront les tendances généra le s exprimées au chapitre précédent. 4 L'ensemble de cette démarche vise d'une part, à fournir un cadre général à des monographies, portant sur des groupes ou sous-groupes industriels, ou sur des entreprises ou régions particulières, qui pourraient confirmer ou infirmer certaines des hypothèses avancées dans les deux derniers chapitres, et d'autre part, à inclure dans une perspective de continuité la réflexion collective du Québec sur sa structure industrielle et sur les orientations possibles de son économie. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2012

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/17690
Date11 April 2018
CreatorsVallières, Marc
ContributorsHamelin, Jean, Roby, Yves
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typemémoire de maîtrise, COAR1_1::Texte::Thèse::Mémoire de maîtrise
Formatxxi, 234 f., application/pdf
CoverageQuébec (Province)
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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