L'Éthique de Spinoza est traversée par une tension entre la centralité reconnue au corps sur le plan théorique et sa relative marginalisation sur le plan textuel. D'un côté, l'Éthique affirme explicitement l'impossibilité de séparer la connaissance que nous avons de l'esprit de celle que nous avons du corps. C'est pour cette raison que la deuxième partie de cette œuvre − dédiée à la nature et à l'origine de l'esprit − confère au corps le rôle de protagoniste dans la longue section textuelle que l’on a coutume d'appeler "Abrégé de physique". D'un autre côté, la volonté d'indiquer au lecteur la voie qui peut le conduire à la liberté et au bonheur « de l'esprit » impose à tout l'exposé spinozien une perspective tendanciellement mentale, dans laquelle la présence du corps se dissipe pour devenir plus disséminée et feutrée. Le but de ma thèse est d’aborder le défi interprétatif induit par ce jeu de présences et d’absences, de dits et de non-dits, et de restaurer la centralité du corps dans le système spinozien en reconstruisant les usages et les significations des références à la corporéité qui sont éparpillées tout le long du texte. À cette fin, mon enquête commence par l'éclaircissement de la tâche assignée à l'Abrégé de physique (Introduction). Elle se poursuit le long de trois itinéraires qui serpentent autour des notions de « individuum » (Section I), « motus spontaneus corporis » (Section II), « fabrica » et « constitutio » (Section III). Elle s’achève sur l'analyse de la fonction cachée du corps et de sa durée dans l'« amour intellectuel de Dieu ». / Scattered throughout the Ethics of Spinoza is the tension between the centrality afforded to the theoretical recognition of the body and its relative textual marginalization. On the one hand, the Ethics explicitly asserts the impossibility of separating our knowledge of the mind from that of the body. For that reason, the second part of theEthics – dedicated to the nature and the origin of the mind – confers on the body the role of a protagonist in the long textual section. On the other hand, the desire to lead readers toward freedom and happiness “of the mind” imposes on all Spinozian philosophy a tendential mental perspective in which the presence of the body becomes more dispersed and blurred. The purpose of my dissertation is to approach the interpretative challenge inferred by this duality of presences and absences, of the said and the unsaid, and to restore the centrality of the body in the Spinozian system by reconstructing the argumentative functions and the rethoric strategies through which the references to corporeity appear in the text.To this end, my inquiry begins with the clarification of the task assigned to the so-called 'Summary of Physics' (Introduction). It then takes up three independent but intertwining directions around the notions of “individuum” (Section I) “motus spontaneous corporis” (Section II), “fabrica” and “constitutio” (Section III) to terminate with an analysis of the hidden role of the body and its duration in the “intellectual love of God.” Each of these routes addresses certain hitherto little studied details that form part of the “minor lexicon” of Spinozian philosophy, to restore the conceptual network to which they belong and to enlighten their systematic meaning.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014ENSL0898 |
Date | 26 May 2014 |
Creators | Toto, Francesco |
Contributors | Lyon, École normale supérieure, Università degli studi (Rome). Facoltà di lettere e filosofia, Moreau, Pierre-François, Finelli, Roberto |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | Italian |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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